Mort de Mustafa Kemal

Il y a 80 ans, le 10 novembre 1938, mourait le président turc Mustafa Kemal Ataturk.

Mustafa Kemal avait pris le pouvoir à l’issue de la première guerre mondiale, refusant la soumission de la Turquie aux puissances européennes. Dans cette période, il est un acteur de la guerre civile turque et des guerres gréco-turque et turco-arménienne. Le conflit se termine en 1923 par le traité de Lausanne, beaucoup plus favorable à la Turquie que le traité de Sèvres de 1920 qu’il remplace.

Si Mustafa Kemal n’est probalement pas impliqué dans les massacres des Arméniens par le gouvernement « Jeune-Turc » en 1915 et 1916, il a forcément une part de responsabilité dans les tueries commises entre 1918 et 1923. En 1923, environ un million et demi de Grecs de Turquie sont expulsés de Turquie ; entre 400.000 et 500.000 musulmans sont expulsés de Grèce vers la Turquie.

La paix établie, Mustafa Kemal dirige le pays en imposant, parfois brutalement, une laïcisation et une occidentalisation (interdiction du port du fez et imposition du chapeau occidental, interdiction de la polygamie, abandon du calendrier musulman et passage au calendrier grégorien, remplacement de l’alphabet arabe par l’alphabet latin).

Enfin, Mustafa Kemal est le créateur de la nation turque, qu’il a substituée à l’empire ottoman.

Conservateur ou littéraliste ?

Lorsqu’on dépeint la composition de la cour suprême américaine, on qualifie certains juges de « conservateurs » ; y compris moi dans des précédentes chroniques. Ce n’est pas faux, car ce sont des hommes de droite ; mais les qualifier ainsi peut conduire certains lecteurs à penser que l’enjeu à la cour suprême se situerait entre juges ayant des convictions de gauche et ceux ayant des convictions de droite.

Or même si le véritable enjeu est là, il est quand même ailleurs.

C’est que ces juges « conservateurs » sont en fait littéralistes et originalistes ; c’est-à-dire qu’ils appliquent la constitution en fonction de ce qui y est écrit, et du sens originel des textes.

A l’opposé les juges « progressistes » imposent parfois leurs propres idées politiques dans leurs décisions de justice, en trouvant dans les textes des choses qui n’y sont pas vraiment.

En définitive, les juges vraiment impartiaux sont les juges « conservateurs ». Par exemple, même s’ils pensent que le mariage est l’union d’un homme et d’une femme, si la constitution dit qu’il est interdit d’interdire les « mariages » homosexuels, ils condamneront les Etats qui promulgueraient une législation interdisant les « mariages » homosexuels.

Une majorité de juges « progressistes » à la cour suprême a fait dériver les Etats-Unis ces dernières décennies. Ainsi, aucune loi n’a été votée, aucune modification de la constitution n’a été votée pour imposer l’avortement et le « mariage » homosexuel dans tous les Etats-Unis. Ce sont juste quelques juges de gauche, qui se sont retrouvés majoritaires à la cour suprême, qui ont brusquement décidé que la constitution disait qu’il fallait imposer l’avortement et le « mariage » homosexuel dans tous les Etats.

Brett Kavanaugh

Après la démission du juge Anthony Kennedy1, le président américain Donald Trump a nommé son successeur, Brett Kavanaugh, âgé de 53 ans. Le 6 octobre 2018, après des auditions notamment marquées par une accusation sans preuve d’agressions sexuelles des décennies plus tôt, le sénat a confirmé la nomination du juge par 50 voix contre 48.

Donald Trump a impeccablement tenu sa promesse électorale de nommer des juges conservateurs à la cour suprême.

La cour suprême a donc basculé du côté conservateur. 5 juges peuvent maintenant être classés dans le camp conservateur, et 4 dans le camp gauchiste (ou « progressiste »).

De plus, les juges conservateurs ont l’avantage de l’âge, et les deux juges les plus vieux (80 et 85 ans) sont des gauchistes.

On peut donc penser que Donald Trump a durablement changé la physionomie de la cour suprême américaine, ce qui pourrait avoir notamment comme conséquence la révision de l’arrêt Roe v. Wade de 1973, déclarant anticonstitutionnelle toute législation interdisant l’avortement.

La durabilité du basculement conservateur est néanmoins plus une probabilité qu’une certitude. Car la majorité conservatrice à la cour suprême tient à une voix. Et le décès d’un jeune juge conservateur avant un très vieux juge gauchiste n’est pas impossible. Et fin 2020 l’élection d’un président démocrate n’est pas impossible ; enfin un sénat à majorité démocrate fin 2020 n’est pas impossible non plus (les républicains y sont actuellement majoritaires à 51 contre 49).

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1-Voir chronique du 2 juillet 2018 : «  Démission du juge Kennedy ».

Mort de Jean-Pierre Stirbois

Le 5 novembre 1988, il y a 30 ans, Jean-Pierre Stirbois mourait dans un accident automobile dans les Yvelines.

Jean-Pierre Stirbois était secrétaire général du front national depuis 1981. Il avait été député européen de 1984 à 1986, et député des Hauts-de-Seine de 1986 à 1988.

Le nom de Jean-Pierre Stirbois est indissociable du début de la progression du front national.

En mars 1983, il conduit une liste aux élections municipales de Dreux.

Mais c’est en septembre 1983 que retentit le « tonnerre de Dreux ».

En mars 1983, le candidat du RPR1 René-Jean Fontanille et celui du FN Jean-Pierre Stirbois font liste commune dès le premier tour. La liste du maire sortant socialiste Françoise Gaspard est réélue avec 8 voix d’avance. L’élection est annulée. Une élection partielle est organisée.

En septembre 1983, le RPR et le FN ne s’allient pas pour le premier tour de l’élection partielle. La liste socialiste de Marcel Piquet obtient 40,62% des voix, la liste du candidat RPR Jean Hieaux obtient 42,67%, et Jean-Pierre Stirbois 16,72%, ce qui constitue un excellent score à l’époque.

Avant le second tour, le FN et le RPR concluent une alliance et fusionnent les listes. Au second tour, l’alliance RPR-FN remporte la mairie avec 55,3% des voix.

Dans la foulée de l’excellent score de Dreux, excellent mais local et exceptionnel, le front national crée la surprise aux élections européennes de 1984, en obtenant 11% des voix, à égalité avec le parti communiste, qui était alors sur sa pente descendante. La précédente (et première) élection nationale à laquelle avait participé le FN était la candidature de Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle de 1974, avec un résultat de 0,74% des voix.

Mais après Dreux, plus d’accord avec le FN. Le RPR et l’UDF, pas assez courageux pour résister à la pression du parti socialiste et des médias (qui interdisent tout accord avec le FN), ne feront plus d’alliance avec le front national, et excluront leurs membres qui veulent faire l’union des droites (par exemple l’ancien ministre de la défense Charles Millon, élu en 1998 président de la région Rhône-Alpes avec les voix du FN).

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1- RPR : rassemblement pour la république. Le RPR fusionnera ensuite avec l’UDF pour créer l’UMP, qui s’appellera ensuite Les Républicains.

L’incendie des Nouvelles Galeries

Il y a 80 ans, le 28 octobre 1938, l’incendie d’un grand magasin sur la Canebière à Marseille (les Nouvelles Galeries) tue 73 personnes.

L’organisation des secours est loin d’être optimale. Le commandement de la marine nationale à Marseille décide de demander le renfort des marins-pompiers de la base militaire de Toulon pour aider les sapeurs-pompiers municipaux. Les renforts militaires arrivent trop tard pour sauver le magasin, mais limitent la propagation de l’incendie dans la ville.

Les failles dans l’organisation des secours (organisation de l’intervention des pompiers de la ville, matériels vieillissants des pompiers, gestion de la zone environnante par la police, gestion du service des eaux,…) ont deux conséquences institutionnelles.

Le maire socialiste de Marseille Henri Tasso est démis de ses fonctions par le gouvernement français en 1939, et l’administration de la ville de Marseille est placée sous la tutelle directe de l’Etat, sous l’autorité d’un préfet (jusqu’en 1944).

Le gouvernement, impressionné par l’intervention des marins-pompiers de la base de Toulon, décide de confier les services d’incendie de Marseille à l’armée, en créant le bataillon des marins-pompiers de Marseille en 1939.

Marseille est la seconde ville française où les pompiers sont militaires. La première est Paris ; le bataillon des sapeurs-pompiers y fut créé en 1811, suite à l’incendie de l’ambassade d’Autriche en 1810, lors d’un bal auquel participait l’empereur Napoléon Ier.

Elections bavaroises

Le 14 octobre 2018, étaient organisées les élections régionales en Bavière.

L’équilibre droite-gauche reste sensiblement le même que lors des précédentes élections régionales de 2013, mais les rapports de force à l’intérieur de la droite et de la gauche sont grandement modifiés.

La CSU1 reste le premier parti en arrivant très nettement en tête avec 37,25% des voix, devançant très largement les autres partis. C’est néanmoins une forte chute par rapport aux précédentes élections régionales de 2013, où la CSU recueillait 47,7% des voix. Dix ans plus tôt, aux régionales de 2003, la CSU écrasait ses concurrents, avec 60,7% des voix. De 1962 à 2008, la CSU a gouverné seule la Bavière, sous la direction des ministres-présidents Alfons Goppel (1962-1978), Franz-Josef Strauss (1978-1988), Max Streibl (1988-1993), Edmund Stoiber (1993-2007) et Günther Beckstein (2007-2008). Aux élections régionales de 2008, la CSU recueille 43,4% des voix, et obtient 92 sièges sur 187, manquant la majorité absolue de 2 sièges ; pour la première fois depuis 1962, la CSU doit former une coalition, et s’allie avec les libéraux du FDP. Aux élections suivantes, en 2013, Horst Seehofer, ministre-président depuis 2008, réussit à reconquérir la majorité des sièges, et peut à nouveau gouverner seul. En mars 2018, Horst Seehofer est remplacé par Markus Soder, qui n’arrive donc pas à être majoritaire lors des élections du 14 octobre 2018 ; la CSU va donc devoir former une coalition.

Les autres partis de droite ont progressé lors de ces élections.

L’AFD, créée en 2013, n’avait pas participé aux précédentes élections régionale en Bavière la même année. Avec 10,21% des voix, elle entre donc à l’assemblée bavaroise.

Les « Freier Wähler » (« électeurs libres ») progressent en obtenant 11,60% des voix, contre 8,99% en 2013. Les FW sont une fédération d’électeurs conservateurs attachés aux enjeux locaux, qui ne réussissent à obtenir des scores conséquents qu’en Bavière.

Le FDP avait obtenu 3,30% des voix en 2013, ne parvenant pas à conserver d’élus dans l’assemblée régionale. Il obtient cette année 5,08% des voix, refranchissant de justesse la barre des 5% qui lui permet d’obtenir des élus.

Si l’on raisonne au sein des forces de droite, une coalition CSU-AFD serait mathématiquement majoritaire, mais semble extrêmement improbable pour l’instant. Une coalition CSU-FW aurait aussi une majorité à l’assemblée. En revanche, une coalition CSU-FDP ne serait pas majoritaire. Si la CSU décide de former une coalition de droite, ce sera donc une coalition CSU-FW, ou une coalition CSU-FW-FDP.

A gauche aussi, les rapports de force entre partis se sont nettement modifiés.

Le SPD s’effondre ; les sociaux-démocrates obtiennent 9,73% des voix, contre 20,6% en 2013.

Les Verts progressent fortement, obtenant 17,55% contre 8,62% en 2013.

Un autre mouvement écologiste, l’ODP, plus à droite que les Verts, obtient 1,6% des voix (contre 2% en 2013).

Les communistes de Die Linke progressent à 3,22% (2,12% en 2013).

Les prochaines élections régionales auront lieu en Hesse le 28 octobre 2018.

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1- Voir chronique du 20 mars 2016 : « Recomposition allemande ? ».

Lagasnerie et le débat démocratique

Geoffroy de Lagasnerie, professeur, philosophe et sociologue, accordait le 5 octobre 2018 un entretien au nouveau magazine littéraire1.

Le « philosophe » s’était déjà distingué en 2014, avec l’« écrivain » Edouard Louis, en appelant2 au boycott de la 17ème édition des « rendez-vous de l’histoire » de Blois, parce que la conférence inaugurale devait être prononcée par Marcel Gauchet. Savoir que Marcel Gauchet, « ce militant de la réaction », allait parler, avait provoqué chez eux de la « stupéfaction », « et même un certain dégoût ». Et les deux démocrates de gauche de conclure : « Tout intellectuel ou écrivain soucieux de l’état de la pensée démocratique et de la pensée tout court devrait boycotter cet événement cette année ».

Cet entretien récent dans le nouveau magazine littéraire est donc l’occasion de connaître un peu mieux la pensée du sociologue Lagasnerie.

Et d’avoir une meilleure compréhension de la sociologie. Ou d’une certaine sociologie ?

Quelques passages de l’entretien sont édifiants.

Le but du sociologue semble clair : « Rendre infréquentables un certain nombre d’auteurs et de thèmes me paraît (…) la définition même d’une démarche progressiste ».

Au moins, c’est clair, et çà confirme sa position à propos de Blois. La sociologie et la démocratie servent à débattre et à discuter, mais seulement avec ceux qui pensent pareil.

Et quatre ans plus tard, il n’exprime d’ailleurs aucun regret pour son appel au boycott de Blois. « Non. Bien au contraire. J’aurais aimé être plus violent. La quantité de tolérance qu’il faut pour fréquenter de tels auteurs, pour supporter tout simplement de les côtoyer, de leur dire bonjour, de les citer, d’être assis à côté d’eux, de les faire exister, me paraît incroyable ».

C’est dur d’être sociologue de gauche ; dire bonjour à quelqu’un qui n’est pas de gauche, voire même qui n’est pas de gauche de la même façon, est un véritable calvaire…. Mais ce n’est pas de sa faute. « Ce n’est pas de ma faute si, quand j’entends quelqu’un de droite parler, je n’y comprends rien. Je n’y vois que des mensonges, des pulsions violentes maquillées en raisonnement, des mystifications, des absurdités ».

N’y a-t-il pas un peu de sectarisme dans tout çà ? « Si la droite voit cela comme du sectarisme, tant mieux, cela prouve qu’elle se vit comme faible et méprisée ».

Sans commentaires……

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1- Sur le site Internet du magazine.

2- Geoffroy de Lagasnerie et Edouard Louis : « Pourquoi nous appelons à boycotter les rendez-vous de l’histoire de Blois », Libération, 30 juillet 2014 (site Internet).

N’ayez pas peur

Il y a 40 ans, Jean-Paul II devenait pape.

Le cardinal polonais Karol Wojtyla est élu pape le 16 octobre 1978 et choisit le nom de Jean-Paul II. C’est le premier pape non-italien depuis Adrien VI, pape de 1522 à 1523.

Il succède à Jean-Paul Ier, qui avait été élu pape le 26 août 1978 en remplacement de Paul VI, et était mort le 28 septembre 1978.

Lors de la messe d’intronisation du 22 octobre 1978, Jean-Paul II prononce notamment cette phrase qui résonna dans le monde entier, et en particulier dans les pays sous domination communiste : « N’ayez pas peur ».

Le 13 mai 1981, le pape est victime d’un attentat sur la place Saint-Pierre, blessé par trois balles de pistolet.

Au cours de son très long pontificat (1978-2005), le pape polonais a été confronté au communisme qu’il a combattu, en condamnant la « théologie de la libération » en Amérique latine ; et en soutenant les chrétiens dans l’Europe soviétisée, notamment en Pologne. Sous son pontificat, l’Europe de l’Est se libère du joug communiste.

Jean-Paul II a été canonisé le 27 avril 2014.

Mort de Jorg Haider

Il y a 10 ans, le 11 octobre 2008, Jorg Haider mourait dans un accident automobile.

Jorg Haider avait été le dirigeant du FPO1 autrichien, qu’il avait ensuite quitté pour fonder le BZO.

Il avait réussi à faire considérablement progresser le FPO, et l’avait conduit au gouvernement en coalition avec l’OVP après les élections législatives d’octobre 1999, sans entrer lui-même au gouvernement.

Il fut gouverneur de la région autrichienne de Carinthie de 1989 à 1991, et de 1999 à 2008.

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1- Voir chroniques du 29 mai 2016 : « Forte poussée du FPO », du 11 décembre 2017 : « Remontée des conservateurs en Autriche » et du 21 décembre 2017 : « Alliance OVP/FPO ».

Les accords de Munich

Encore un anniversaire tchécoslovaque cette année : les accords de Munich du 30 septembre 1938.

Pour régler la crise des Sudètes, région tchécoslovaque qu’Hitler voulait annexer, la conférence de Munich est organisée.

Les accords de Munich sont signés par quatre Etats : l’Allemagne (Adolf Hitler), l’Italie (Benito Mussolini), la Grande Bretagne (Neville Chamberlain) et la France (Edouard Daladier).

Les accords de Munich permettent à l’Allemagne d’annexer les Sudètes. La France signe les accords de Munich, malgré son alliance avec la Tchécoslovaquie.

Le parapluie bulgare

Quarantième anniversaire du parapluie bulgare.

Le 7 septembre 1978, à un arrêt de bus à Londres, l’écrivain et dissident bulgare Georgi Markov, qui avait fui le système communiste de son pays en 1969 et était devenu journaliste à Radio Free Europe, ressent une piqûre à la jambe alors qu’il est heurté par un homme portant un parapluie.

Souffrant de fièvre, il est hospitalisé et meurt le 11 septembre 1978.

Les chemins de traverse

Le touriste est souvent moutonnier. Beaucoup de monde se retrouve au même endroit pour visiter la même chose. Parfois pour des raisons justifiables : la volonté de voir des merveilles reconnues. Pour certains pour des raisons plus stupides : juste pour se prendre en photo à un endroit célèbre et publier immédiatement cette photo sur Internet.

Tout le monde se concentre donc aux mêmes endroits.

Par exemple, un voyage en Bavière impose une visite à deux des plus célèbres châteaux associés à l’histoire de Louis II de Bavière, Hohenschwangau et Neuschwanstein, qui sont très proches l’un de l’autre.

Mon court séjour bavarois de cet été comporta donc une visite de ces deux châteaux. Une présence d’une demi-heure à une heure debout dans la file d’attente pour acheter les billets d’entrée, puis une attente de plusieurs heures dans un bar pour attendre l’heure de la visite. Puis les visites où les groupes se succèdent à la minute près.

Une visite au mois de juillet est certes un facteur aggravant. Hors saison touristique, l’attente est moindre et la visite plus sereine.

Mais, même quand le séjour est court, il peut être intéressant de sortir des monuments les plus touristiques. Quand on ose « l’aventure », et qu’on s’engage dans des lieux inconnus, on prend certes le risque d’être déçu ; mais c’est parfois l’occasion de belles surprises. Ce fut pour moi le cas cet été à Schleissheim.

On y trouve sur un ancien aérodrome militaire, qui fut notamment occupé par l’armée américaine, un intéressant musée de l’aviation.

Ainsi que trois châteaux, de style classique.

Le vieux château abrite notamment une collection de crèches de nombreux pays1. Je ne le savais pas en franchissant les portes du château ; on ne sait pas ce qu’on va trouver, et parfois, c’est donc passionnant.

Le nouveau château de Schleissheim est vide. En tous cas sans mobilier, car sont accrochés aux murs quelques tableaux, notamment de peintres français. Les salles sont magnifiques, richement décorées, l’escalier monumental.

Je n’ai pas eu le temps de visiter le troisième château, le Lustheim, qui abrite un musée de la porcelaine.

Entre les châteaux, de beaux jardins qui contribuent à faire aimer le lieu.

Cerise sur le gâteau, en plein mois de juillet, les châteaux de Schleissheim et le musée de l’aviation étaient déserts. Pas une seconde perdue dans une file d’attente pour les tickets, et une visite calme, tranquille et sereine dans le silence.

Seul bémol pour le vieux château de Schleissheim et le musée de l’aviation. : les notices explicatives étaient uniquement rédigées en allemand.

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1- Voir chronique du 30 août 2018 : « L’art des crèches ».

L’art des crèches

En Bavière, dans la région de Munich, à une dizaine de kilomètres de Dachau, le musée du château de Schleissheim présente de nombreux modèles de crèches, de différents pays. L’occasion de comparer.

Au vu des modèles présentés, on peut affirmer que la crèche provençale est quasiment sans égale. En fait, trois traditions fournissent les plus belles crèches : la crèche provençale, la crèche napolitaine (assez proche de la crèche provençale) et la crèche polonaise.

La crèche provençale vaut par ses santons.

Les crèches polonaises sont superbes, mais dans un style très différent. Les crèches provençales respectent le contexte de la naissance du Christ, en le plaçant entre Marie et Joseph, dans une grotte ou une étable, à proximité d’un bœuf et d’un âne ; cette grotte ou cette étable étant transposée dans un village traditionnel provençal, avec ses habitants typiques. Les crèches polonaises ne reproduisent pas l’étable ; elles sont constituées par la façade d’une cathédrale somptueuse, magnifiquement représentée ; et le petit Jésus est casé quelque part dans la cathédrale (il faut parfois bien le chercher!).

Dans la crèche provençale, ce sont les santons qui sont les plus importants ; les personnages écrasent le décor. Dans la crèche polonaise, c’est la façade de la cathédrale qui s’impose, c’est le décor qui écrase les personnages.

Ces deux représentations de la tradition de Noël ont chacune leur beauté spécifique. Il reste à espérer que les Polonais ne vont pas vouloir importer le modèle de la crèche provençale, et que les Français resteront fidèles à leur santons. Que chacun respecte ses traditions et les fasse vivre.

En revanche, certains pays pourraient sans doute s’inspirer des Français, des Italiens ou des Polonais dans l’art de la crèche. Bien sûr, je respecte les traditions de Noël des autres pays, et je reconnais leur côté émouvant, émanation de la piété populaire. Mais je n’ai pas été enthousiasmé par l’esthétique de toutes les crèches.

Madiran : Le Monde et ses faux

J’ai lu cet été « Le Monde et ses faux », ouvrage de 110 pages de Jean Madiran publié en 1997.

Son but n’est pas d’établir une étude exhaustive de l’histoire du quotidien le Monde, mais de présenter quelques cas concrets.

D’après l’auteur, lorsque le Monde publie des faux, volontairement ou en ayant été trompé, il ne s’en explique pas, ni ne rectifie. Lorsqu’il rectifie, c’est sur des broutilles. « Le Monde peut, comme tout un chacun, se tromper ou être trompé. Il ne rectifie pas. Plus exactement, il multiplie avec componction et solennité les rectifications sans importance : le monsieur qu’il a prénommé Charles-Henry s’appelle Charles-Joseph, mille excuses ; la distance qu’il avait indiquée de 14 km 447, il est vraiment navré, elle n’est que de 14 km 318 ».

Prenons ici trois exemples cités par Jean Madiran.

Tout d’abord, le « faux Fechteler ». Le Monde publiait le 10 mai 1952 un rapport secret de l’amiral américain Fechteler, chef des opérations navales américaines, qui prévoyait de ne pas aider l’Europe en cas d’invasion soviétique. Le Monde n’a jamais reconnu que ce « rapport » était un faux, ni ne s’est jamais expliqué en détails sur cette publication mensongère qui, en pleine guerre froide, visait à faire croire aux Français que les Etats-Unis ne défendraient pas leurs alliés européens.

Le second exemple ne concerne pas le Monde proprement dit, mais son directeur, Jean-Marie Colombani. Dans une émission télévisée, présentée le 17 décembre 1987 par Anne Sinclair et Jean-Marie Colombani, était diffusé un enregistrement audiovisuel de Jean-Marie Le Pen qui disait : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé ». L’enregistrement diffusé fut le suivant : « Les chambres à gaz n’ont pas existé ». La justice décréta en 1988 que cette amputation de la déclaration de Jean-Marie Le Pen ne fut qu’une erreur technique. En tous cas, relève Jean Madiran, il n’y a pas eu d’excuse ni de rectification : « Des millions de téléspectateurs ont ainsi vu et entendu eux-mêmes, de leurs propres yeux, de leurs propres oreilles, d’une manière inoubliable, Le Pen faire une telle déclaration. Ils n’ont jamais été détrompés ».

Le troisième exemple concerne encore Jean-Marie Le Pen. Dans un article du Monde du 16 avril 1996, Christiane Chombeau cite Jean-Marie Le Pen. Jean Madiran publie un extrait de l’article du Monde, ainsi que du discours original de Jean-Marie Le Pen. Les voici :

Le Monde : « La manifestation du front national, samedi 13 avril à la Mutualité, à Paris, pour le 1500ème anniversaire du baptême de Clovis, a été l’occasion pour le parti d’extrême-droite d’exprimer son rejet des francs-maçons, des communistes et des immigrés. Ces immigrés qui, pour Jean-Marie Le Pen, sont « non désirés » ou « indésirables », « coûtent des fortunes », « ruinent la sécurité sociale, paralysent l’enseignement, colonisent nos villes et nos villages », « et encombrent les prisons, violent, tuent….. ».

Le texte du discours de Jean-Marie Le Pen : « Les millions d’immigrés non désirés ou indésirables coûtent des fortunes, ruinent la sécurité sociale, paralysent l’enseignement, colonisent les banlieues, les villes et souvent les villages, encombrent les tribunaux et les prisons. Leurs éléments marginaux agressent, volent, violent, se conduisent comme en pays conquis, bravent l’autorité, s’attaquent aux agents des services publics et à la police ».

Ainsi que le note Jean Madiran, et qu’on peut le vérifier en comparant les deux extraits ci-dessus, Christiane Chombeau écrit que Jean-Marie Le Pen a dit : « Les immigrés encombrent les prisons, violent, tuent ». Alors qu’il a réellement dit : « Les immigrés encombrent les prisons ; leurs éléments marginaux agressent, volent, violent ». La mention « leurs éléments marginaux » a été supprimée par la journaliste du Monde ; et le mot « tuent » a été ajouté. Jean Madiran indique que le Monde n’a jamais rectifié ; et que cette version truquée du discours de Jean-Marie Le Pen a été abondamment reproduite dans d’autres organes de presse avec la mention : « Jean-Marie Le Pen, cité par le Monde, 16 avril 1996 ».

Pour conclure, un ouvrage intéressant, mais qui mériterait probablement une nouvelle version, vérifiée et complétée, par quelqu’un de la jeune génération, n’ayant pas pris part aux controverses présentées.