Elections européennes en Hongrie

Les élections européennes du 26 mai 2019 en Hongrie ont été un nouveau succès pour Viktor Orban, premier ministre depuis 2010. La coalition FIDESZ-KDNP a obtenu 52,56% des voix, caracolant largement en tête, devant la coalition démocratique, de sensibilité sociale-démocrate, qui arrive en deuxième position avec 16,05% des voix.

Ce résultat montre que Viktor Orban conserve son socle électoral important, qui avait été confirmé aux élections législatives d’avril 2018, où il avait obtenu 49,28% des voix1.

Les résultats de la coalition FIDESZ-KDNP ont été les suivants aux dernières élections européennes (les colonnes « sièges » indiquent le nombre de sièges de la coalition par rapport au nombre de sièges de la Hongrie au parlement européen).

EURO2009 EURO2009 EURO2014 EURO2014 EURO2019 EURO2019
voix sièges voix sièges voix sièges
56,36% 14/22 51,48% 12/21 52,56% 13/21

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1- Voir chronique du 29 avril 2018 : « Triomphe pour Viktor Orban ».

Le rassemblement national outre-mer

J’ai précédemment évoqué1 la très forte poussée du front national dans la France d’outre-mer à l’occasion de la dernière élection présidentielle en 2017.

Le tableau ci-après donne les résultats du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 pour la candidate du front national Marine Le Pen, et le résultat obtenu par la liste du rassemblement national aux élections européennes menée par Jordan Bardella en 2019, ainsi que la position d’arrivée de la liste en 2019. Pour mettre ces résultats dans leur contexte, il faut rappeler que le score national de Marine Le Pen au premier tour de 2017 avait été de 21,30%, et que Jordan Bardella a obtenu 23,33% au niveau national en 2019.


2017 2019 Place 2019
Guadeloupe 13,51% 23,71% 1
Saint-Martin et Saint-Barthélémy 23,32% 28,38% 1
Martinique 10,94% 16,31% 2
Guyane 24,30% 27,47% 1
La Réunion 23,46% 31,24% 1
Mayotte 27,19% 46,12% 1
Saint-Pierre-et-Miquelon 18,16% 24,02% 1
Nouvelle-Calédonie 29,09% 27,30% 1
Wallis-et-Futuna 7,11% 13,33% 3
Polynésie française 32,54% 16,99% 2

On peut constater que la liste du rassemblement national est souvent arrivée en tête en 2019, et qu’à l’exception de la Nouvelle-Calédonie où elle baisse légèrement par rapport à 2017, et de la Polynésie où elle baisse très fortement, elle est en progression.

Une Guadeloupéenne figurait en 12ème position sur la liste Bardella et est donc élue : Maxette Pirbakas-Grisoni, dirigeante de la FDSEA2 de la Guadeloupe.

C’est à Mayotte (78.000 électeurs inscrits sur les listes électorales) que le score du rassemblement national est le plus spectaculaire : 46,12%. Pour mémoire, Marine Le Pen y obtenait 2,77% à l’élection présidentielle de 2012.

Il est évident qu’en Guadeloupe, en Guyane et à la Réunion, une partie des électeurs du rassemblement national est de race noire ; quant à Mayotte, la quasi-totalité de la population étant noire et musulmane, l’électorat du RN y est forcément à son image. Mais çà n’empêchera pas les médias de continuer à disserter sur le « racisme » du rassemblement national….

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1- Voir chronique du 6 juin 2017 : « La diffusion du front national ».

2- FDSEA : fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles ; les FDSEA sont l’organisation départementale de la FNSEA.

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Elections européennes en France

Les Français ont voté le 26 mai 2019 pour élire leurs députés au parlement européen. Le scrutin s’est déroulé à la proportionnelle, comme pour les précédentes élections en 2014 ; mais contrairement à 2014, où le vote s’était effectué dans le cadre de 8 circonscriptions créées spécialement pour les élections européennes, on est revenu en 2019 à une liste nationale.

La liste du rassemblement national, conduite par Jordan Bardella, arrive en tête, mais en recul par rapport à 2014.

Le parti du président Macron (LREM), allié au MODEM, arrive en deuxième position. Ce parti, qui n’existait pas en 2014, réussit donc un excellent score pour sa première participation à une élection européenne.

Le rassemblement national réussit un score supérieur à la dernière élection présidentielle (Marine Le Pen) ; LREM est en revanche en baisse par rapport à l’élection présidentielle de 2017, où Emmanuel Macron était aussi soutenu par le MODEM.

Le parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France (DLF), obtient un score similaire à celui de 2014 ; à l’époque, DLF s’appelait Debout la République. Nicolas Dupont-Aignan s’est allié à Marine Le Pen entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017.


EURO 2014 ELUS 2014 2017 EURO 2019 ELUS 2019 ELUS Post-BREXIT
RN 24,86% 24 21,30% 23,33% 22 +1
DLF 3,82% 0 4,70% 3,51% 0
LREM/MODEM

24,01% 22,41% 21 +2

Les écologistes progressent et arrivent en troisième position, très loin cependant derrière le RN et LREM, et en-dessous de leur meilleur score historique aux élections européennes.


2004 2009 2014 2019
Verts 7,41% 16,28% 8,95% 13,48%

Les écologistes n’arrivent cependant pas forcément à transposer leurs scores aux européennes dans les scrutins nationaux ; ainsi, les Verts obtenaient un très bon résultat aux élections européennes de 2009 (16,28%), mais la candidate des Verts Eva Joly ne recueillait que 2,31% à l’élection présidentielle de 2012.

L’élection européenne de 2019 s’est aussi traduite par les très mauvais résultats de LR, de la France insoumise et des socialistes, qui sont en-dessous de 10%.

Elections européennes en Grande-Bretagne

Les Britanniques n’auraient pas dû élire de députés européens cette année. En effet, ils avaient adopté par référendum le Brexit1 (sortie de l’union européenne), qui aurait dû être effectif avant ces élections.

Ce retard est sans doute partiellement dû à la complexité des négociations. La presse française l’attribue essentiellement au « chaos » du Brexit ; le Brexit étant une mauvaise décision, il ne peut provoquer que le « chaos ». Une des raisons probablement fondamentale de ce retard doit néanmoins être la distorsion entre le vote populaire d’un côté, et le parlement et le gouvernement de l’autre ; quand le gouvernement met en oeuvre le Brexit, mais sans vouloir vraiment sortir complètement de l’Union européenne, et quand il n’y a pas de réelle et franche majorité pro-Brexit au parlement, çà complique forcément un peu le processus……

Les britanniques n’étant toujours pas sortis de l’Union européenne, il a donc fallu organiser en urgence les élections européennes en Grande-Bretagne le jeudi 23 mai 2019.

Dans ce contexte, les partisans du Brexit sont arrivés largement en tête. Le Brexit Party, récemment créé par Nigel Farage, l’ancien dirigeant du UKIP, atteint 30% des voix.


2014 2014 2019 2019

voix députés voix députés
Brexit Party

30,50% 29
UKIP 26,60% 24 3,20% 0

Derrière le Brexit Party, les libéraux-démocrates progressent aussi, très fortement, réussissant même à parvenir en deuxième position. Les conservateurs et les travaillistes s’effondrent, les conservateurs réussissant même l’exploit d’être en-dessous des écologistes.


2014 2014 2019 2019

voix députés voix députés
LibDem 6,60% 1 19,60% 16
travaillistes 24,40% 20 13,70% 10
Verts 6,90% 3 11,80% 7
conservateurs 23,10% 19 8,80% 4

Quant à Change UK, un parti politique récemment fondé par des députés travaillistes et conservateurs pour lutter contre le Brexit, il ne recueille que 3,3% des voix et n’obtient aucun député.

Le premier ministre britannique Theresa May ayant annoncé sa démission, un nouveau premier ministre conservateur va sans doute être désigné, et l’éventualité d’élections législatives anticipées n’est pas à exclure. Les résultats de ces élections européennes ne donnent pas forcément une indication fiable du résultat des élections législatives à venir. Notamment parce que les enjeux des élections européennes et des élections législatives nationales ne sont pas exactement les mêmes ; et aussi parce que les modes de scrutin sont radicalement différents (scrutin proportionnel pour les européennes, scrutin majoritaire uninominal à un tour pour les législatives). Par exemple, le UKIP de Nigel Farage, qui avait obtenu 26,6% des voix aux élections européennes de mai 2014, obtenait 1 seul député (sur 650) avec 12,65% des voix aux élections législatives2 de mai 2015.

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1- Voir chronique du 24 juin 2016 : « Le souffle de la liberté ».

2- Voir chronique du 19 mai 2015 : « Elections britanniques ».

Mort de John Wayne

Il y a 40 ans, le 11 juin 1979, John Wayne mourait à l’âge de 72 ans.

De son vrai nom Marion Morrison, cet acteur formidable reste l’archétype du cowboy de western. Sans dresser ici la liste complète de ses très nombreux films, on peut citer quelques westerns marquants : la chevauchée fantastique (1939), la charge héroïque (1949), Rio Bravo (1959), les cavaliers (1959), l’homme qui tua Liberty Valence (1962), les quatre fils de Katie Elder (1965) ; de rares films policiers : un silencieux au bout du canon (1974), Brannigan (1975) ; et quelques films de guerre : les diables de Guadalcanal (1951), le jour le plus long (1962), les bérets verts (1968).

Anticommuniste, John Wayne était politiquement très proche du parti républicain, soutenant notamment les candidatures de Richard Nixon à la présidence, et les campagnes de Ronald Reagan pour le poste de gouverneur de Californie.

Répartition nationale des députés européens

Les résultats des élections européennes, qui se déroulent du 23 au 26 mai 2019, seront évidemment fonction des résultats des partis dans les différents pays. Mais l’impact des résultats nationaux est aussi évidemment tempéré par le poids de chaque pays. Ainsi, le tableau ci-après donne le nombre de députés élus par pays ; une colonne supplémentaire donne le nombre de députés après le Brexit (sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne).

Pays 26/05/19 Après Brexit
Allemagne 96 96
France 74 79
Italie 73 76
Royaume-Uni 73
Espagne 54 59
Pologne 51 52
Roumanie 32 33
Pays-Bas 26 29
Belgique 21 21
Grèce 21 21
Hongrie 21 21
Portugal 21 21
Tchéquie 21 21
Suède 20 21
Autriche 18 19
Bulgarie 17 17
Danemark 13 14
Finlande 13 14
Slovaquie 13 14
Irlande 11 13
Croatie 11 12
Lituanie 11 11
Lettonie 8 8
Slovénie 8 8
Estonie 6 7
Chypre 6 6
Luxembourg 6 6
Malte 6 6
Total 751 705

Il faut par ailleurs noter qu’il s’agit là du nombre de députés élus par pays, et non pas du nombre de députés ayant la nationalité du pays. En effet, en particulier en France, il est possible d’être élu député européen français sans être français.

Les caméras d’Ibiza

En Autriche, Heinz-Christian Strache, vice-chancelier et président du FPO, a été victime d’un coup monté.

Une semaine avant les élections européennes, une vidéo a été diffusée le montrant dans une villa à Ibiza (Espagne) en 2017, probablement en état d’ébriété, promettant des contrats à une fausse femme d’affaires russe.

Heinz-Christian Strache a démissionné de ses fonctions de vice-chancelier et de président du FPO.

Le chancelier Sebastian Kurz, membre de l’OVP, a mis fin à la coalition1 entre l’OVP et le FPO, demandé de nouvelles élections législatives (probablement en septembre) et démis le ministre de l’Intérieur (FPO) de ses fonctions. Les autres ministres du FPO ont alors démissionné.

L’ancien candidat à l’élection présidentielle2 Norbert Hofer remplace Heinz-Christian Strache à la tête du FPO.

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1- Voir chronique du 21 décembre 2017 : « Alliance OVP/FPO ».

2- Voir chronique du 6 décembre 2016 : « Petite baisse du FPO ».

Percée de Vox au niveau national

Lors des élections législatives espagnoles organisées le 28 avril 2019, les 350 sièges de députés étaient renouvelés au scrutin proportionnel dans 52 circonscriptions.

Le résultat n’a pas donné de majorité absolue à un parti ni à une coalition ; le prochain gouvernement sera probablement issu d’une alliance entre les socialistes, l’extrême-gauche, les régionalistes et les indépendantistes.

L’élection a notamment été marquée par l’effondrement du parti populaire (droite), qui passe de 33% à 16,70% des voix.

Le mouvement de droite nationale Vox fait son entrée à la chambre des députés, remportant 10,06% des voix et 24 députés. Créé fin 2013 par des dissidents du parti populaire, Vox avait obtenu 0,2% aux précédentes élections législatives de 2016. Il n’a commencé à percer qu’en décembre 2018 aux élections régionales d’Andalousie1, obtenant 10,96% des voix, et permettant la nomination d’un gouvernement de droite dans cette région2.

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1- Voir chronique du 27 décembre 2018 : « Elections régionales en Andalousie ».

2- Voir chronique du 27 janvier 2019 : « Alliance des droites en Andalousie ».

Elections législatives finlandaises

La Finlande a organisé le renouvellement de son parlement le 14 avril 2019. Les 200 députés ont été élus à la proportionnelle dans 12 circonscriptions.

Après les précédentes élections1 du 19 avril 2015, Juha Sipila (Kesk : parti du centre) était devenu premier ministre, à la tête d’une coalition de droite avec le parti de la coalition nationale (Kok) et les Vrais Finlandais, parti de droite nationale.

En 2017, une crise au sein des Vrais Finlandais se termine par une scission du parti. Jussi Halla-Aho prend le contrôle du parti. L’ancien président, Timo Soini, crée un nouveau parti : la réforme bleue. Les Vrais Finlandais quittent la coalition gouvernementale ; grâce au nouveau parti de la réforme bleue qui fait désormais partie de la coalition, le gouvernement reste en place, avec notamment Timo Soini qui demeure ministre des affaires étrangères.

Lors des élections de 2019, le parti du premier ministre sortant s’effondre. Les deux autres partis de la coalition de 2015 restent stables ; quant au parti de la réforme bleue, il ne perce pas.


2015 2015 2019 2019

voix sièges voix sièges
Kesk 21,10% 49 13,76% 31
Kok 18,20% 37 17,00% 38
Vrais Finlandais 17,65% 38 17,48% 39
Réforme bleue

0,97% 0

A gauche, le parti social-démocrate devient le premier parti du pays (17,73% des voix et 40 sièges), devançant de peu les Vrais Finlandais, qui deviennent la deuxième force du pays.

On constate que la coalition de droite de 2015 (Kesk+Kok+VF) reste majoritaire ; on semble néanmoins s’acheminer vers un gouvernement de gauche, les partis de centre-droit refusant cette fois de s’allier avec les Vrais Finlandais.

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1- Voir chronique du 21 décembre 2015 : « Elections scandinaves ».

Les touristes au Bénin

Le 1er mai 2019, deux touristes français ont été kidnappés dans le nord du Bénin.

Dans la nuit du 9 au 10 mai 2019, ayant identifié le campement des ravisseurs dans un pays voisin, le Burkina Faso (ancienne Haute-Volta), les forces françaises ont libéré les deux touristes français, ainsi que deux autres prisonniers, une Sud-coréenne et une Américaine.

Deux sous-officiers français sont morts dans l’opération : les maîtres1 Cédric de Pierrepont (né en 1986) et Alain Bertoncello (né en 1991).

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1- Dans la marine française, les sous-officiers sont appelés « officiers mariniers », tandis que les officiers sont « officiers de marine » ; le grade de « maître » dans la marine correspond à celui de « sergent-chef » dans l’armée de terre.

Camus : le grand remplacement

J’ai lu le livre de Renaud Camus « le grand remplacement », dans sa 3ème édition de 2015 (la première édition datait de 2011).

J’avoue d’abord que je commence à écrire avec une petite arrière-pensée négative. Sur un plan pratique, j’ai un peu l’impression de m’être fait arnaquer économiquement.

En effet, la première partie de l’ouvrage est constituée par « le changement de peuple ». Or ce texte avait constitué un livre à part, que j’avais acheté ; j’aurais donc pu faire des économies en ne l’achetant pas, et en lisant ce texte directement dans « le grand remplacement ».

Je n’ai pas relu « le changement de peuple » ; et je n’en parlerai donc pas ici, l’ayant déjà évoqué précédemment1.

Venons-en donc au reste du livre.

Un grand défaut du livre est la répétition. En effet, c’est un recueil de discours. Les différents discours étant non seulement sur les mêmes thèmes, mais reprenant parfois les mêmes thèses, les mêmes exemples, on ne peut qu’être lassé par cette impression de déjà-lu permanent qui s’installe au fil de la lecture des discours successifs. Si l’on peut admettre que l’auteur se répète dans ses différents discours, un peu comme un candidat qui irait répéter la même chose de meeting en meeting, on aurait pu espérer l’élégance de ne pas imposer ces redondances aux lecteurs d’un livre.

Ceci dit, cet ouvrage fournit des éléments très intéressants.

On trouvera pour commencer la définition du grand remplacement énoncée par l’auteur, et c’est sans doute ce qu’on en attendait prioritairement, Renaud Camus étant systématiquement présenté comme l’inventeur de cette théorie ; notion de théorie qu’il conteste d’ailleurs, expliquant qu’il s’agit plus d’un constat : « Le Grand Remplacement, je l’ai ressenti pour la première fois à Lunel, dans l’Hérault, il y a au moins trois lustres de cela, et aussi dans les petits villages anciens, médiévaux, de la plaine côtière, en constatant un beau jour, stupéfait, que la population, en une génération, avait été entièrement changée, que ce n’était plus le même peuple aux fenêtres et sur les trottoirs, qu’un changement à vue était survenu, que sur les lieux même de ma culture et de ma civilisation je marchais dans une autre culture et une autre civilisation, dont je ne savais pas encore qu’elles étaient décorées du beau nom trompeur de multiculturalisme ».

L’ouvrage ne se limite pas au grand remplacement.

Ainsi l’auteur se prononce-t-il sans ambiguité contre la violence. Le fondement de son positionnement politique est d’ailleurs le refus de toute nuisance (la « nocence » dans son jargon).

Renaud Camus se positionne comme un adepte forcené du malthusianisme ; à ce titre, il ne souhaite donc pas pas lutter contre l’invasion migratoire en augmentant la natalité française.

Concernant les diplômes, Renaud Camus se distingue par une position originale ; alors que ces dernières décennies, les résultats du baccalauréat sont toujours l’occasion de se féliciter d’un taux de réussite croissant, ce qui est l’objectif même s’il faut pour celà baisser le niveau du bac, l’auteur se prononce à contrecourant pour un relèvement substantiel du niveau du bac avec une diminution du taux de réussite comme objectif.

Intéressante remarque aussi sur l’obsession du neuf et du moderne dans notre société, et surtout sur la société du jetable : « Nous sommes la première civilisation qui construit des maisons faites pour durer dix ans. Nous sommes la première civilisation qui s’émerveille qu’un pont2, un pont magnifique, un pont qui fait la fierté du régime, promette, à quelques lieues à peine du pont du Gard, d’être encore parfaitement utilisable dans quarante ans. Nous sommes la première civilisation qui explique le désastre d’un lycée, la violence qui y règne, l’impossibilité de le faire servir à la moindre transmission, par sa vétusté, car il a été construit, pensez, il y a trente ou quarante ans : qu’est-ce que vous voulez faire de sérieux dans des bâtiments pareils ? ».

A noter enfin, peut-être le texte le plus réussi : en fin de livre, Renaud Camus se livre à un pastiche de conte danois de 19 pages, qu’il intitule « Orop » (prononciation « europ »). Extrait : « Cette hébétude avait un nom, les poètes et savants de la cour impériale l’avaient baptisée vivre ensemble. Le vivre ensemble avait une idole, un petit dieu très exigeant et très cruel, qui se nommait Padamalgam. Chaque fois que des secousses de vérité ébranlaient à l’excès le vivre ensemble, et que le sang coulait à flot, des foules énormes se précipitaient dans les rues afin d’y promener l’idole propitiatoire, et le peuple entier criait d’une seule voix, sur son passage, Padamalgam !,Padamalgam ! -ce qui en fait voulait dire : « A bas la vérité ! Nous vivants, la vérité ne passera pas ! ». On savait que le petit dieu, en effet, était contre elle d’un effet souverain ».

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1- Voir chronique du 7 février 2017 : « Camus : le changement de peuple ».

2- Renaud Camus fait ici référence au viaduc de Millau.

L’empereur Naruhito

Le 30 avril 2019, l’empereur du Japon abdiquera. Son fils Naruhito lui succèdera.

Il sera le quatrième empereur depuis la fin de l’ère Meiji.

L’empereur Mutsuhito régna de 1867 à 1912 ; il choisit Meiji comme nom posthume. Régnèrent ensuite Yoshihito (1912-1926), Hirohito (1926-1989) et Akihito (1989-2019).

Elections provinciales aux Pays-Bas

Le 20 mars 2019 étaient organisées les élections provinciales aux Pays-Bas, pour renouveler les assemblées régionales des 12 provinces des Pays-Bas.

Ces élections se sont traduites par l’arrivée en première place du FvD (forum pour la démocratie), parti de droite nationale créé en 2016 par Thierry Baudet1. C’est un succès considérable pour ce jeune parti, qui avait réussi à obtenir 2 députés avec 1,78% des voix aux élections législatives du 15 mars 20172. Il recueille 14,53% des voix et obtient 86 des 570 conseillers provinciaux, devant le VVD, parti du premier ministre de centre-droit, qui obtient 13,99% des voix et 80 conseillers.

Ce succès du FvD s’établit en partie au détriment du PVV (parti pour la liberté) de Geert Wilders : le PVV passe de 11,73% des voix aux précédentes élections provinciales de 2015 à 6,94% en 2019, et passe de 66 à 40 sièges.

Mais c’est donc globalement une poussée de la droite nationale néerlandaise (PVV + FvD).

Ces élections auront des conséquences sur l’équilibre des forces politiques au sénat ; en effet, les élections sénatoriales auront lieu le 27 mai 2019 ; les sénateurs néerlandais sont élus par les conseillers provinciaux.

A deux mois des élections européennes, on peut noter que le PVV de Geert Wilders fait partie du groupe ENL3 au parlement européen, aux côtés notamment du RN français, du FPO autrichien et de la Ligue italienne. De son côté, le FvD a annoncé, de même que Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, son intention de rejoindre le groupe CRE (conservateurs et réformistes européens), qui comprend notamment les Démocrates de Suède, les Vrais Finlandais, Frères d’Italie et le PiS polonais.

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1- Voir chronique du 7 février 2019 : « Baudet : Indispensables frontières ».

2- Voir chronique du 27 mars 2017 : « Elections législatives aux Pays-Bas ».

3- Voir chronique du 5 novembre 2016 : « Les droites nationales européennes dans les groupes parlementaires ».

Eradication du passé simple

Il y a environ un an, de passage dans le centre-ville de Manosque, j’étais entré dans la bibliothèque municipale de cette ville des Alpes-de-Haute-Provence.

J’avais pu constater que la section jeunesse de la bibliothèque avait résisté à l’épuration ambiante. En effet, dans beaucoup de bibliothèques municipales, les livres pour la jeunesse sont systématiquement censurés. Les anciens livres sont éliminés. Ne restent que des livres aux dessins moches, aux couvertures horriblement flashy, et surtout dont les textes ont été réécrits au présent, les expurgeant du passé simple.

Or à Manosque, si ma mémoire est bonne, les éditions nouvelles cohabitaient avec les éditions des années 1980, par exemple du Club des Cinq et de l’agent secret Langelot.

Etant repassé dans cette bibliothèque il y a une dizaine de jours, je n’ai plus retrouvé les livres des anciennes collections. Avais-je un faux souvenir ? Non. La grande épuration a bien eu lieu cette année. D’après les bibliothécaires, les « vieux » livres ont été jetés, pour ne conserver que les « modernes ».

Les enfants qui fréquentent la bibliothèque municipale de Manosque sont donc désormais protégés contre tout contact avec le passé simple.