Elections locales en Grande-Bretagne

Des élections locales étaient organisées en Grande-Bretagne le 5 mai 2016.

Le parti travailliste a conquis la mairie de Londres ; mais ce gain ne cache pas sa stabilité ou son recul sur le reste du territoire, alors qu’il aurait pu s’attendre à progresser, en tablant sur l’usure du gouvernement conservateur en place depuis 2010, et reconduit en 20151. Enfin, le parti de droite nationale UKIP poursuit légèrement sa progression.

A Londres, le candidat travailliste musulman Sadiq Khan bat le candidat conservateur Zac Goldsmith (44,2% contre 35%). Après deux mandats du conservateur Boris Johnson, élu en 2008 avec 43,2% et réélu en 2012 avec 44%, le poste de maire de Londres revient à la gauche. Auparavant, de 2000 à 2008, le maire de Londres était Ken Livingston, surnommé « Ken le rouge ».

Les assemblées législatives d’Ecosse, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord sont élus selon un système mixte. Chaque électeur vote deux fois : une fois pour un candidat dans sa circonscription, une seconde fois pour une liste ; les sièges sont attribués à la proportionnelle, en tenant compte des sièges attribués par circonscription.

Dans l’assemblée législative galloise sortante, élue en 2010, le parti travailliste avait la moitié des sièges (30 sur 60) ; il est en très léger recul en 2016, en obtenant 29 sièges. Le parti conservateur perd 3 sièges et en conserve 11 ; les libéraux-démocrates perdent 4 sièges, et n’en conservent qu’un. Les gagnants sont le Plaid Cymru (parti nationaliste gallois) qui gagne un siège et obtient 12 élus ; et surtout le UKIP, inexistant dans l’assemblée sortante, qui gagne 7 sièges en obtenant 13% au scrutin proportionnel.

Au parlement écossais, le SNP (parti indépendantiste écossais) disposait de la majorité absolue dans l’assemblée sortante (69 sièges sur 129) ; tout en arrivant très largement en tête en 2016, il perd de justesse cette majorité absolue, en n’emportant que 63 sièges. Le parti travailliste s’effondre en Ecosse ; il obtenait 56 sièges en 1999, 50 en 2003, 46 en 2007, et 37 en 2011 ; il n’obtient que 24 sièges en 2016. Le parti conservateur double son nombre d’élus, en passant de 16 à 31, ce qui le place désormais en deuxième position au parlement écossais, devant les travaillistes ; le parti conservateur est faible en Ecosse : depuis 1999, il obtenait entre 15 et 18 sièges. Les écologistes passent de 2 à 6 sièges. Le UKIP, avec 2% des voix, est inexistant.

En Irlande du Nord, l’assemblée reste à peu près stable en 2016.

Pour un étranger, l’analyse du reste des élections du 5 mai 2016 est assez peu aisée :renouvellement total ou partiel de conseils locaux (districts métropolitains et non-métropolitains, autorités unitaires), élection de commissaires de police.

Pour les élections des commissaires de police, la tendance générale a été la victoire de candidats conservateurs au détriment de commissaires sortants indépendants, ainsi que quelques gains des travaillistes sur les conservateurs. Sur les 40 postes en jeu, les conservateurs en remportent 20, soit un gain de 4 ; les travaillistes 15, soit un gain de 3 ; le Plaid Cymru 2, alors qu’il n’avait pas de sortant ; les indépendants, qui étaient 12, sont désormais 3. Le UKIP ne remporte aucun siège de commissaire, mais se place deuxième dans 4 circonscriptions, avec des scores compris entre 20,5% et 27,5% dans ces circonscriptions.

Les chiffres globaux non-définitifs sur les mandats de conseillers locaux en jeu dans cette élection sont les suivants : les travaillistes obtiennent 1291 sièges, soit une perte de 23 ; les conservateurs en obtiennent 828, soit une perte de 46 ; les libéraux-démocrates en obtiennent 370, soit un gain de 44 ; le UKIP en obtient 58, soit un gain de 26. Les conseils locaux dont les sièges étaient totalement ou partiellement renouvelés ont désormais les majorités suivantes : 57 ont une majorité travailliste (58 avant les élections) ; les conservateurs ont la majorité dans 38 d’entre eux (39 précédemment) et les libéraux-démocrates dans 4 (3 précédemment) ; les conseils sans majorité restent au nombre de 24.

Le UKIP ne réussit pas à conquérir d’assemblée. Il a néanmoins réussi à être à égalité avec les conservateurs au conseil de Thurrock, dans l’Essex, dans l’Est de l’Angleterre.

Thurrock est un point fort du UKIP. Déjà à l’élection législative de 1976, le National Front effectuait une petite percée, avec 6,64% des voix. Aux élections législatives de 2010, dans la circonscription de Thurrock, le UKIP obtenait 7,4% des voix ; et le BNP, autre parti de droite nationaliste, mais plus marginal, obtenait 7,9%. Aux élections législatives de 2015, le parti conservateur conservait son siège de député de Thurrock avec 33,7% des voix, talonné par le candidat travailliste (32,6%) et le candidat du UKIP (31,7%). La circonscription sera très disputée à la prochaine élection législative.

Le conseil local de Thurrock était partiellement renouvelé le 5 mai 2016. Le conseil sortant était composé de 18 travaillistes, 17 conservateurs, 11 UKIP et 3 indépendants. Après le renouvellement partiel, les conservateurs et le UKIP sont à égalité avec 17 sièges chacun, les travaillistes étant relégués en dernière position avec 14 sièges, et il reste un conseiller indépendant. Le UKIP a raté d’une voix une majorité de 18 sièges pour lui contre 16 pour les conservateurs ; dans le quartier de Little Thurrock Blackshots, le conseiller conservateur a été élu avec 706 voix, contre 705 à son concurrent du UKIP.

Enfin, deux élections législatives partielles étaient aussi organisées le 5 mai. Le parti travailliste conserve ces deux sièges de député. Dans ces deux élections, le UKIP arrive en deuxième position, très loin derrière les travaillistes, mais devant les conservateurs. A Ogmore (Pays de Galles), le candidat travailliste est élu avec 52,6% des voix (52,9% en 2015), suivi par le UKIP à 16,2% (15,4% et troisième place en 2015). A Sheffield (Angleterre), le candidat travailliste est élu avec 62,5% des voix (56,6% en 2015), suivi par le UKIP à 20% (22,1% en 2015, et déjà en deuxième position).

1- Voir chronique du 19 mai 2015 : « Elections britanniques »

2- BNP : British national party

 

Du hasard et des symboles

 

Je suis en train de lire un livre sur l’histoire du canal de Suez.

J’ai appris à cette occasion que le sculpteur français Auguste Bartholdi avait recyclé dans la statue de la Liberté un projet un peu plus ancien. En effet, entre 1866 et 1869, il avait imaginé une telle statue à l’entrée du futur canal de Suez, mais le dirigeant de l’Egypte n’avait pas voulu la financer.

Cette statue se serait appelée « l’Egypte éclairant l’Orient ».

Grâce au refus égyptien, les Américains ont désormais « la Liberté éclairant le monde »….

Elections législatives slovaques

 

Les élections législatives étaient organisées à la proportionnelle le 5 mars 2016, pour renouveler les 150 députés du Conseil national de la Slovaquie.

Le SMER-SD (Direction sociale-démocrate), parti du premier ministre sortant Robert Fico, est arrivé en tête du scrutin, avec 28,28% des voix (49 sièges). En tête certes, mais très loin de la majorité absolue des sièges au parlement, et très loin de ses résultats de 2012 (44,42% et 83 sièges) qui lui avaient donné une majorité absolue au Conseil national.

SMER

Robert Fico est de gauche, et les députés de la SMER-SD au Parlement européen sont membres du groupe S&D1, aux côtés notamment de députés des partis socialistes français, belge et portugais, et du parti travailliste britannique (Labour Party).

Il n’est cependant pas toujours très bien vu à gauche en Europe, et certains le présentent comme le « Viktor Orban de gauche ». En effet, ses positions sur l’immigration et l’islam provoquent parfois des crises d’asthme chez ses alliés européens.

Après les élections de 2016, Robert Fico réussit à former une coalition de gouvernement avec le SNS, le MOST-HID et le SIET. Le SIET et le MOST-HD sont deux partis de centre-droit.

Le SNS2 (parti national slovaque) est un parti de droite nationale. Il a déjà participé deux fois au gouvernement. De 1994 à 1998, il faisait partie de la coalition de droite du premier ministre Vladimir Meciar. De 2006 à 2010, il participait déjà au gouvernement de coalition de Robert Fico, qui reconduit ainsi en 2016 son alliance avec la droite nationaliste. Le SNS avait obtenu 11,7% des voix et 20 députés en 2006 ; en 2010, son score est divisé par 2 (5,1% et 9 sièges) ; en 2012, le parti ne réussit pas à atteindre le seuil de 5% des voix pour entrer au parlement (4,6%) ; en 2016, avec 8,6% et 15 sièges, il revient donc au parlement et au gouvernement.

SNS3

Les élections de 2016 ont aussi vu l’émergence d’un autre parti de droite nationaliste, qui ne participe pas à la coalition gouvernementale : le LSNS3 (parti populaire notre Slovaquie). Créé en 2010, il obtient 1,33% aux élections législatives de 2010 et 1,58% à celles de 2012 ; en 2016, il entre au parlement avec 8,04% et 14 élus. En novembre 2013, le parti avait emporté la présidence de la région de Banska-Bystrica ; au premier tour, Marian Kotleba, président du LSNS, avait obtenu 21,30% des voix dans cette région, contre 49,47% au candidat social-démocrate ; au second tour, il a gagné avec 55,53% des voix.

 LSNS

1- S&D : Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen

2- SNS : Slovenska narodna strana

3- LSNS : Ludova strana nase slovensko

 

Géographie de la fainéantise

Je lisais il y a peu un petit guide sur les archives notariales. Sujet passionnant, qui permet de s’immerger dans les actes importants de nos ancêtres (mariages, successions, impôts, baux agricoles,…..). Passionnant, à condition néanmoins que le livre ne soit ni trop long, ni trop technique, ni trop touffu…

Mais, maintenant que je vous ai impressionnés par l’énoncé de mes lectures sérieuses et passionnantes, venons-en au fait.

J’ai pu y lire le rappel de certaines unités de mesures de la France d’antan, certaines que je connaissais plus ou moins, d’autres pas : l’arpent, l’ouvrée, la seytive, la vergée…. Tout un folklore antérieur à l’adoption du système métrique.

Une des unités de surface que j’ai notée est le journal. Le journal était la superficie qu’un homme pouvait labourer en une journée. Comme les autres unités de mesure de cette époque, sa valeur variait d’une province à l’autre, voire d’une commune à l’autre.

Voilà un passionnant sujet d’études et de statistiques possible. Dans quelle partie du pays le journal était le plus ou le moins important ? J’espère qu’un historien étudiera çà un jour. Car çà montrera à quel endroit un homme travaillait le plus ou le moins de surface dans la journée. Cà permettra peut-être de montrer que les gens du Nord n’étaient peut-être pas plus travailleurs que ceux du Sud. Ou de confirmer que les Méridionaux sont décidément de grosses feignasses.

Nouvelles de la jeunesse de France

Trois militaires français participant à l’opération Barkhane sont morts récemment.

Le matin du 12 avril 2016, un convoi logistique d’une soixantaine de véhicules, qui avait quitté Gao (Mali) le 8 avril, va arriver à Tessalit (Mali), sa destination.

Le VAB1 de tête est touché par une explosion.

L’engin explosif cause la mort du soldat de 1ère classe Mickaël Poo-Sing, et blesse trois autres militaires, qui sont évacués sur Gao. Deux d’entre eux meurent dans la nuit : le maréchal des logis2 Damien Noblet et le brigadier3 Michael Chauwin.

Né le 15 juin 1984 à Marseille, le maréchal des logis Noblet s’était engagé en 2004.

Né le 9 juin 1995 à Cambrai, le brigadier Chauwin s’était engagé en février 2014 ; il venait d’être promu brigadier le 1er avril 2016.

Né le 4 décembre 1996 au Mans, le soldat Poo-Sing s’était engagé en février 2015.

Les trois militaires appartiennent au 511ème RT4 d’Auxonne (Côte d’Or). Ils avaient été envoyés au Mali en janvier 2016 pour servir en peloton d’escorte de convoi au sein du bataillon logistique français.

In memoriam.

1- VAB : Véhicule de l’Avant Blindé

2- maréchal des logis : appellation correspondant au grade de sergent dans l’arme du train

3- brigadier : appellation correspondant au grade de caporal dans l’arme du train

4- RT : Régiment du Train

Vicissitudes techniques

Je n’ai pas publié de chroniques ces derniers jours, absorbé par du travail « technique ». En effet, ces chroniques étaient publiées sur Internet, sur une plateforme technique sans publicités, et qui s’était engagée à ne pas en mettre.

Or cette plateforme insère désormais des publicités entre les chroniques. Comme je refuse de publier des chroniques entre des publicités, j’ai donc décidé de mettre en place un autre hébergement technique sur Internet. Et çà m’a pris un peu de temps. C’est désormais réalisé, même s’il reste quelques petits réglages à terminer.

Je vais donc reprendre l’écriture de ces chroniques.

Mais elles seront sans doute aussi moins nombreuses que dans le passé, pour des raisons indépendantes de ces histoires d’hébergement Internet.

J’ai en effet décidé d’y consacrer moins de temps, ayant d’autres projets d’écriture à côté, qui n’avancent pas suffisamment à mon goût, partiellement sans doute à cause du temps que je consacre à ces tribunes.

A bientôt donc dans ces colonnes, mais de manière sans doute plus espacée.

De gentils gars sans histoires

Après les derniers attentats meurtriers en France et en Belgique, la presse se penche parfois sur la personnalité des tueurs.

L’image donnée, c’est que ce sont parfois de gentils petits gars sans histoire qui se « radicalisent »; et que c’est parfois difficilement détectable.

Image donnée soit par le commentaire des journalistes, soit par des amis et voisins auxquels un micro est très complaisamment tendu.

Admettons.

Çà fait quand même un peu bizarre d’entendre, au sujet de certains d’entre eux, que c’étaient des jeunes sans histoire, alors qu’ils s’agissaient de délinquants ou de criminels notoires. Le fait de tirer à la Kalashnikov sur des policiers lors d’un braquage n’est apparemment plus une « histoire ».

Dans la langue journalistique, le mot « personne sans histoire » change de sens. Il désigne normalement quelqu’un qui n’a pas eu maille à partir avec la justice, qui n’a rien commis d’illégal. Il commence à désigner un délinquant ou un criminel qui n’est pas connu pour son islamisme ou sa volonté de commettre des attentats….

 

La ghanima

 

 J’ai encore appris un nouveau mot à l’occasion de la lutte antiterroriste: la « ghanima ». Apparemment, çà se prononce « rrranima ».

Si j’ai bien compris, la ghanima, c’est la pratique islamique qui consiste à voler des non-musulmans. Et c’est apparemment autorisé par l’islam.

Surtout quand çà sert à financer le djihad et les attentats.

 

Une association sans nom

 

Après les attentats de Bruxelles, les autorités belges ont lancé arrestations et perquisitions.

Elles ont déclaré ce week-end avoir appris que les terroristes voulaient frapper à Paris, qu’une arrestation parmi les leurs leur avait fait craindre un démantèlement proche de leur réseau, et qu’ils avaient en conséquence décidé dans l’urgence de frapper là où ils étaient, à Bruxelles.

Les télévisions françaises d’information en continu (BFM-TV, I-Télé, LCI) nous ont appris ce dimanche, et aujourd’hui lundi, que les cibles prévues auraient été un centre commercial à la Défense et une association catholique.

Les télévisions ne savaient peut-être pas dimanche précisément quelle est cette association catholique, les autorités belges ayant peut-être été muette sur la question.

Elles ne nous ont donc parlé que d’une « association catholique ». C’était une « association catholique radicale », une « association catholique conservatrice », une « association catholique ultra-conservatrice », une « association catholique intégriste ». J’ai d’abord pensé à « la Manif pour tous » et à « Civitas ». Puis quand est apparu l’adjectif « intégriste », j’ai pensé que c’était probablement Civitas. Mais journalistes, présentateurs, commentateurs et « experts » ont toujours parlé d’une « association catholique », qualifiée d’un des adjectifs précités.

Une fois ce matin, sur BFM-TV, entre 08h00 et 08h30, une journaliste a dit que l’association ciblée était Civitas. Voilà donc mon intuition confirmée. Mais Civitas ne fut citée ni dans les titres, ni dans le reportage, juste dans un commentaire ultérieur. A 11h30, sur BFM-TV, le présentateur du journal indique qu’on va voir en détail les cibles des terroristes; et là, direction la Défense; pas un mot sur Civitas.

Je n’ai donc entendu citer qu’une seule fois Civitas ce matin sur les chaînes d’information; je ne peux certifier que le nom n’a pas été cité plusieurs fois, car je n’ai pas écouté en simultané toutes les chaînes; mais il est certain que Civitas n’a été cité ni dans les titres, ni dans les sujets de reportage.

Dans le journal de la mi-journée des chaînes généralistes, l’« association catholique » n’a toujours pas de nom, ni dans le journal de 12h25 de la télévision d’Etat France3, ni dans celui de 13h00 de TF1.

Ce traitement de l’information appelle plusieurs commentaires.

D’abord quant à l’utilisation du mot « radical ». J’ai déjà évoqué un cas précédemment1. Mais on a aujourd’hui un cas encore plus flagrant de manipulation. Car on veut créer là une fausse symétrie entre chrétiens et musulmans. Les terroristes bruxellois sont des jeunes radicalisés; Civitas est une association catholique radicale.

Je ne connais pas particulièrement Civitas; je sais juste que Civitas a incité les catholiques à s’investir dans la vie de la cité à l’occasion des élections municipales de 2014, et que ses membres ont manifesté contre la légalisation du « mariage » homosexuel. A ma connaissance, pas d’égorgement de mécréants, pas de tuerie à la Kalashnikov  dans les rues de nos villes, pas de bombe dans le métro; ni l’exécution de tels actes, ni l’appel à commettre de tels actes, ni la justification de l’exécution éventuelle de tels actes. Mais en parlant d’une association catholique « radicale », sans donner son nom (ce qui pourrait permettre à chacun de se renseigner), on indique, dans le contexte actuel, qu’il existerait en France une organisation catholique de même nature que Daesch.

Ensuite, il me semble que le nom de Civitas n’est pas cité, probablement pour ne pas lui faire de publicité. Imaginez qu’un attentat ait été prévu contre la LDH2 ou SOS-Racisme. Pensez-vous que leur nom n’aurait pas été cité? Pensez-vous que les télévisions auraient répété à l’infini que les terroristes pensaient viser « une organisation d’extrême-gauche »? Evidemment non. Le nom de ces associations aurait été cité tous les quarts d’heure; leurs dirigeants auraient été interviewés; on aurait diffusé des reportages sur leurs membres, forcément très sympathiques; des tas de personnalités politiques et de saltimbanques en recherche de notoriété nous aurait demandé d’afficher des « je suis LDH ». A posteriori, tout le cynisme de la gauche apparaît, cette gauche voulant nous imposer d’« être Charlie », de vénérer Charlie, sous peine d’être accusé de ne pas être républicain3. Si un attentat avait eu lieu à Civitas, tous ces gens n’auraient pas dit: « je suis Civitas », n’auraient pas appelé à faire un don en faveur de Civitas. Les millions d’euro à récolter, c’est seulement pour des trucs comme Charlie-Hebdo.

En conclusion, 24 heures à répéter tous les quarts d’heures que les terroristes « bruxellois » voulait attaquer une association catholique, sans jamais la nommer, c’est vraiment tout à fait remarquable.

1- Voir chronique du 14 février 2016: « Radicalisation ».

2- LDH: Ligue des Droits de l’Homme.

3- Voir chronique du 2 février 2015: « L’escroquerie de Charlie ».

 

Elections législatives vénézuéliennes

 

Le 6 décembre 2015 avaient lieu les élections législatives au Vénézuéla.

Le Vénézuéla vit depuis 1999 sous le régime de la révolution socialiste bolivarienne, depuis l’élection d’Hugo Chavez à la présidence. Après son décès en 2013, son vice-président, Nicolas Maduro, assure la présidence par intérim, puis est élu président avec 50,62% des voix le 14 avril 2013 pour continuer dans la même voie. L’opposition dénonce des irrégularités dans l’élection présidentielle.

La révolution bolivarienne a amené le pays dans la crise économique. Schématiquement, le pouvoir socialiste a distribué les revenus du pétrole à une partie de la population quand le prix de l’or noir était haut, au lieu de conduire un développement économique du pays en investissant les revenus de la manne pétrolière; maintenant que le cours du pétrole est incroyablement bas, il y a beaucoup moins d’argent à distribuer. Et comme le régime a détruit le réseau des petites entreprises, leurs patrons étant d’affreux capitalistes à la solde des Etats-Unis, le présent et l’avenir économique du pays sont sombres.

Aux élections législatives du 6 décembre 2015, deux blocs s’affrontaient: le PSUV1 (parti socialiste unifié du Vénézuéla), soutien de Maduro, et le MUD2 (table de l’unité démocratique), grande coalition regroupant tous les opposants, coalition assez hétéroclite, mais unie par la volonté de mettre un terme au système chaviste.

La MUD obtient 56,22% des voix et 112 sièges. Le PSUV obtient les 55 sièges restants avec 40,91% des voix.

La MUD a donc obtenu la majorité qualifiée de plus des deux tiers des sièges à l’Assemblée nationale vénézuélienne, ce qui lui donne des pouvoirs élargis.

Le pouvoir socialiste a contesté l’élection de certains députés de la MUD, en vue de l’empêcher d’avoir la majorité des deux tiers.

De plus, le 15 décembre 2016, l’assemblée nationale sortante crée un « parlement communal national », censé représenter désormais la volonté populaire en concurrence avec l’Assemblée nationale. Le président Maduro indique que c’est ce parlement parallèle qui détient désormais la légitimité du pouvoir législatif.

Le Vénézuéla va sans doute vivre une année 2016 cruciale. Face à la victoire de l’opposition, le gouvernement socialiste ne semble pas prêt à admettre sa défaite; jusqu’où ira-t-il pour conserver le pouvoir?

 .

1- PSUV: Partido Socialista Unido de Venezuela

2- MUD: Mesa de la Unitad Democratica

 

Recomposition allemande?

Après la seconde guerre mondiale, la politique allemande a d’abord été principalement organisée autour de trois partis politiques: la CDU, le SPD et le FDP.

La CDU1 (union chrétienne-démocrate d’Allemagne) est le parti de droite allemand, dont les débuts ont été très marqués par l’anticommunisme, dans un contexte où le pays était divisé en deux, et où l’Allemagne de l’Est était sous le joug d’un régime communiste.

La CDU a donné 5 chanceliers à L’Allemagne depuis la création de la RFA2: Konrad Adenauer (1949-1963), Ludwig Erhard (1963-1966), Kurt Kiesinger (1966-1969), Helmut Kohl (1982-1998) et Angela Merkel (depuis 2005).

La CSU3 (union chrétienne-sociale) est un parti régional un peu plus à droite que la CDU. La CDU et la CSU sont alliées en permanence. La CDU ne présente jamais de candidats en Bavière. A une exception (élections régionales de 1957 en Sarre), la CSU ne présente des candidats qu’en Bavière. La CSU est particulièrement bien implantée en Bavière; aux dernières élections régionales bavaroises, la CSU a obtenu 47,7% des voix. Les meilleurs scores de la CSU aux élections régionales bavaroises ont été en 1974 (62,1%) et 2003 (60,7%).

CSU

Le SPD4 (parti social-démocrate d’Allemagne) existait avant la seconde guerre mondiale. Après la fin de la guerre, le SPD se reconstitue. En Allemagne de l’Est, sous la pression des Soviétiques, le SPD fusionne avec le parti communiste pour former le SED5 (Parti socialiste unifié d’Allemagne); en RFA, le SPD refuse la proposition de fusion faite par le parti communiste en 1949. En 1959, au congrès de Bad Godesberg, le SPD abandonne le marxisme, dénonce le communisme et reconnaît l’économie de marché.

3 membres du SPD ont été chanceliers depuis la fin de la seconde guerre mondiale: Willy Brandt (1969-1974), Helmut Schmidt (1974-1982) et Gerhard Schroeder (1998-2005).

La CDU et le SPD ont parfois formé une « grande coalition » pour gouverner l’Allemagne: entre 1966 et 1969, de 2005 à 2009, et depuis 2013. Des gouvernements de grande coalition sont aussi parfois mis en place dans les Etats régionaux allemands, les Lands. Ainsi en Thuringe de 2009 à 2014, en Mecklembourg-Poméranie-occidentale depuis 2006, en Saxe-Anhalt depuis 2006, à Berlin depuis 2011, en Sarre depuis 2012 et en Saxe depuis 2014.

Le FDP6 (parti libéral-démocrate d’Allemagne) est un parti de centre-droit, qui s’allie d’abord avec la CDU. En 1966, il quitte la coalition avec la CDU, et forme une coalition avec le SPD en 1969. En 1982, il rompt la coalition avec le SPD, ce qui fait tomber le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt; le chrétien-démocrate Helmut Kohl devient chancelier; ce changement de majorité s’effectue sans élection, juste à cause du changement d’allié du FDP. Cette manœuvre, qui peut être considérée comme une trahison, car survenant en cours de législature, coûte cependant cher au FDP dans la suite de l’année 1982; aux élections régionales en Bavière, en Hesse et à Hambourg, il passe au-dessous du seuil des 5% nécessaires pour obtenir des élus, et disparaît des assemblées de ces trois régions. Aux élections législatives de l’année suivante, le 6 mars 1983, les électeurs donnent néanmoins la majorité à la coalition CDU/FDP, confirmant la position d’Helmut Kohl à la chancellerie. Dès lors, le FDP reste ancré à droite. En 2009, le FDP obtient son meilleur score à une élection législative (14,6% des voix et 93 députés sur 622). Aux élections législatives suivantes, le FDP s’effondre et passe à 4,76% des voix, et disparaît donc du parlement fédéral en 2013.

Les Verts (« die Grünen »), parti créé en 1980, entrent au parlement fédéral en 1983. Ils deviennent le quatrième parti important de la RFA. Ils s’allient au SPD. Ancrés à l’extrême-gauche, partisans du désarmement de l’Occident alors que les Soviétiques déployaient leurs missiles en Europe de l’Est, les Verts ont été surnommés le « parti pastèque »: vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur.

Après la réunification allemande, un cinquième parti s’installe de manière durable dans le paysage politique de la RFA. Le SED, parti de la dictature communiste en Allemagne de l’Est, change de nom et devient le PDS7 (parti du socialisme démocratique). En 2005, il s’allie avec un groupe de dissidents de gauche du SPD, et fusionne en 2007 avec lui pour former « Die Linke »8. Ce parti obtient 11,9% des voix aux élections législatives en 2009 et 8,6% en 2013. Die Linke est nettement plus fort dans l’ancienne Allemagne de l’Est que dans celle de l’Ouest. Ainsi, aux élections régionales, il obtient parfois des scores confidentiels à l’Ouest (2,1% en 2013 en Bavière, 2,2% en 2012 au Schleswig-Holstein, 2,8% en 2016 en Rhénanie-Palatinat, 2,9% en 2016 dans le Bade-Wurtemberg, 8,5% en 2015 à Hambourg, 9,5% en 2015 à Brême), et bien plus importants à l’Est (18,6% en 2014 dans le Brandebourg, 28,1% en 2014 en Thuringe); Die Linke est en coalition avec le SPD dans le Brandebourg, dont le président est membre du SPD, et a conquis la présidence de la Thuringe, avec le soutien du SPD et des Verts.

Face à ces 5 principaux partis, la droite nationale n’a pas réussi à s’implanter de manière durable et conséquente. Peut-être parce que la société allemande est plus « centriste ». Sans doute parce que la CSU, alliée à la CDU, mais plus à droite que la CDU, a capté une partie des partisans de la droite nationale. Sans doute, parce qu’elle a toujours été divisée entre différents partis et groupuscules, ce qui l’a empêchée d’obtenir un score important, notamment 5% dans les élections législatives nationales. Les différents partis ont parfois obtenu des scores conséquents, mais jamais de manière durable, ni sur l’ensemble du pays. Les élections de 2015 et 2016 sont peut-être en train de changer la donne.

Le NPD9 (parti national-démocrate d’Allemagne) a été fondé en 1964. Il n’a jamais réussi à dépasser 5% pour les élections législatives; son plus fort score national a été atteint aux élections législatives de 1969 (4,3%). De 1972 à 2002, il obtient toujours moins de 0,7%. De 2005 à 2013, il obtient entre 1,3 et 1,6%. Il a été présent récemment dans deux assemblées régionales: le Meckembourg-Poméranie occidentale (7,3% et 6 élus en 2006; 6% et 5 élus en 2011) et la Saxe (9,2% et 12 élus en 2004; 5,6% et 8 élus en 2009; 4,95% et aucun élu en 2014).

La DVU10 (union populaire allemande) est fondée en 1971 par un ancien membre du NPD. La DVU fusionne avec le NPD en 2010.

Les Republikaner (républicains) sont fondés en 1983 par deux anciens députés de la CSU; ils sont présidés à partir de 1985 par Franz Schönhuber. Ils obtiennent leur plus grand succès électoral en 1989, aux élections européennes: 7,1% et 6 députés, qui siègent au parlement européen au sein du groupe GTDE11, présidé par Jean-Marie Le Pen. Le parti périclite après cette élection.

REP

Des mouvements régionaux voient aussi le jour: les mouvements PRO. Le mouvement Pro-Köln (« pour Cologne ») est créé en 1996 contre l’islamisation de la ville. Il obtient quelques sièges aux élections municipales de Cologne en 2004 et 2009, mais ne réussit pas à se maintenir en 2014. Le mouvement pro-NRW12 présente des candidats aux élections municipales dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et obtient entre 2% et 6% des voix suivant les villes.

Tous ces mouvements ne sont pas parvenus à émerger de manière durable. Deux nouveaux venus semblent être désormais en mesure de peser davantage: PEGIDA et l’AFD.

Le mouvement PEGIDA13 (Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident) a été lancé en octobre 2014. Il s’est renforcé en organisant les « manifestations du lundi soir » dans diverses villes d’Allemagne. Le mouvement reprend le procédé des manifestations du soir organisées par l’opposition au régime communiste en Allemagne de l’Est en 1989 et 1990; il en reprend aussi le slogan: « Wir sind das Volk14« 

Le loge de PEGIDA est un bonhomme stylisé, jetant à la poubelle une croix gammée, un drapeau communiste, le logo du mouvement d’extrême-gauche « Antifas » et le drapeau de l’Etat islamique.

PEGIDA

L’AFD15 (alternative pour l’Allemagne) a été créée le 6 février 2013. Initialement, le programme de ce parti est surtout économique: il prône la sortie de la monnaie unique européenne. Puis il s’oriente sur des positions contre l’immigration massive et l’islamisation que subit l’Allemagne, notamment avec l’élection de Frauke Petry à sa présidence en juillet 2015.

 AFD

En septembre 2013, l’AFD crée la surprise aux élections législatives en obtenant 4,7% des voix, ratant de peu la barre des 5%. La même année, elle ne peut entrer à l’assemblée du Land de Hesse, obtenant quand même 4% des voix à ces élections régionales.

En 2014, l’AFD commence à engranger les succès. Aux élections européennes de juin 2014, elle obtient 7% des voix et 7 députés. Aux élections régionales, elle obtient 12,16% dans le Brandebourg (11 élus), 10,57% en Thuringe (11 élus) et 9,74% en Saxe (14 élus). Le bon score de l’AFD en Saxe a sans doute pour conséquence la disparition du NPD de l’assemblée de Saxe (voir supra).

En 2015, l’AFD entre dans deux nouvelles assemblées régionales: à Brême (5,5% des voix et 5 élus) et à Hambourg (6,1% et 8 élus).

Le 5 juillet 2015, c’est un membre du FDP qui devient maire de Dresde avec le soutien de la CDU, de l’AFD et de PEGIDA. Au premier tour de l’élection, le 7 juin 2015, PEGIDA avait obtenu 9,6% des voix et l’AFD 4,8%.

En 2016, l’AFD passe à la vitesse supérieure, dans un contexte où la chancelière allemande Angela Merkel a fait entrer en Allemagne plus d’un million d’immigrés en 2015.

Le 6 mars 2016, lors des élections municipales dans le land de Hesse, l’AFD a obtenu 13,2% des voix, avec des pointes dans certaines petites communes (22,3% à Bad-Karlshafen, 19,6% à Dietzenbach, 17,4% à Bensheim) et même 15,9% à Wiesbaden. Lorsque l’AFD ne présentait pas de candidats, le NPD est en progression; le NPD obtient 17,3% des voix dans la commune de Leun (5,2% aux élections municipales de 2011), 14,2% à Büdingen (2,2%  en 2011), 12,3% à Altenstadt (1,2% en 2011). Idem pour les Republikaner qui obtiennent 12,4% à Hanau (4,2% en 2011), 9,8% à Ebersburg (pas de liste en 2011) et 8,7% à Fulda (1,8% en 2011).

Le 13 mars 2016, l’AFD entre dans 3 nouveaux parlements régionaux, en obtenant des scores importants: Bade-Wurtemberg (15,1% et 23 élus), Rhénanie-Palatinat (12,57% et 14 élus) et Saxe-Anhalt (24,21% et 24 élus). En Saxe-Anhalt, l’AFD arrive en deuxième position, derrière la CDU.

En 2017, les Allemands voteront pour leurs élections législatives. Le résultat de l’AFD sera un des principaux enjeux de l’élection.

1- CDU: Christlisch Demokratische Union Deutschlands

2- RFA: République Fédérale d’Allemagne

3- CSU: Christlich Soziale Union

4- SPD: Sozialdemokratische Partei Deutschlands

5- SED: Sozialistische Einheitspartei Deutschlands

6- FDP: Freie Demokratische Partei

7- PDS: Partei des demokratischen Sozialismus

8- Die Linke: « la gauche »

9- NPD: Nationaldemokratische Partei Deutschlands

10- DVU: Deutsche Volksunion

11- GTDE: Groupe Technique des Droites Européennes

12- Bürgerbewegung pro NRW: mouvement populaire pour la Rhénanie-du-Nord-Westphalie

13- PEGIDA: Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes

14- Nous sommes le peuple.

15- AFD: Alternative für Deutschland

 

La revanche du mouton noir

 

Le 28 février 2016 étaient organisés 4 référendums en Suisse.

« Pas de spéculation sur les denrées alimentaires »:  la proposition (votation n°598) avait été déposée par les jeunes socialistes. La mesure a été rejetée par 59,9% des voix.

Une modification de la loi fédérale du 26 septembre 2014 sur la réfection du tunnel du Gothard était soumise à référendum (votation n°599); elle a été approuvée à 57% des voix.

 « Pour le couple et la famille »: la proposition (votation n°596) avait été déposée par les chrétiens-démocrates. Elle a été rejetée par 50,8% des électeurs. La mesure a cependant obtenu la majorité dans une majorité de cantons: dans 15 cantons et 3 demi-cantons, cette proposition a été soutenue par les électeurs; dans 5 cantons et 3 demi-cantons, cette mesure a été rejetée, en particulier dans les deux cantons les plus peuplés du pays (Berne et Zürich). La proposition visait à mettre fin au fait que, dans certaines situations, les couples mariés paient plus d’impôts que les couples non-officiels, et à définir le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme. La proposition visait à remplacer l’article 14 alinéa 2 de la constitution suisse par le texte suivant: « Le mariage est l’union durable et réglementée par la loi d’un homme et d’une femme. Au point de vue fiscal, le mariage constitue une communauté économique. Il ne peut pas être pénalisé par rapport à d’autres modes de vie, notamment en matière d’impôts et d’assurances sociales. »

« Pour le renvoi effectif des criminels étrangers »: la proposition (votation n°597) avait été déposée par l’UDC1. Elle a été très nettement rejetée par les électeurs, qui ont voté « non » à 58,9%.

Cette élection venait en complément de la votation n°552 (« pour le renvoi des étrangers criminels »), approuvée à 52,3% par les électeurs suisses le 28 novembre 2010. Cette votation avait été aussi organisée à l’initiative de l’UDC. L’UDC a déposé cette nouvelle proposition en 2016 car, après le vote positif de 2010, le parlement suisse avait édulcoré les mesures adoptées par le peuple.

Mais ce nouveau référendum n’a pas obtenu l’approbation des électeurs. Soit parce que les Suisses ont estimé que les mesures proposées étaient trop automatiques, ou trop systématiques. Soit parce que la propagande parfois mensongère contre cette proposition a réussi à intoxiquer les électeurs, par exemple en faisant croire qu’un étranger coupable de deux excès de vitesse serait automatiquement expulsé, de même qu’un enfant étranger qui vole une pomme dans le jardin du voisin, alors que ces faits ne figuraient pas dans le catalogue des délits concernés.

Pour les deux référendums sur le renvoi des criminels étrangers (2010 et 2016), l’UDC avait utilisé, pour la campagne en faveur du « oui », une affiche montrant un mouton blanc, positionné sur le drapeau suisse, éjectant d’un coup des deux pattes arrière un mouton noir.

Dans les prochains référendums suisses, il sera intéressant d’observer les résultats de celui du 5 juin 2016, mis au vote sur proposition de l’UDC, sur une révision de la politique d’asile.

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1- Voir chronique du 20 décembre 2015: « élections fédérales suisses »

 

 

 

 

 

Taharrush gamea

 

L’Europe a accueilli en 2015 un nombre d’immigrés considérable. Le pays qui a le plus collaboré à cette arrivée massive, voire l’a même provoquée, a été l’Allemagne. En 2015, ce pays a accueilli plus d’un million d’immigrés, musulmans pour la plupart. D’autres pays en ont beaucoup moins accueilli, mais dans une proportion importante quand même, si l’on met en rapport ces arrivées avec le nombre d’habitants de la population autochtone.

Ce flux de population a provoqué des problèmes de cohabitation et d’insécurité, que les autorités et les organes de presse ont généralement dissimulés, ou minimisés. Pour ne pas augmenter l’inquiétude des populations locales face à ce flot.

Cette omerta a volé en éclats en ce début d’année 2016, après la chasse à la blanche, sur la place de la gare de Cologne en Allemagne, la nuit de la Saint-Sylvestre. Il a quand même fallu quelques jours pour que la presse mentionne les faits, d’abord de manière minimisée, puis dans toute son ampleur, c’est-à-dire plus de 500 vols et agressions sexuelles, et plus de 1000 agresseurs étrangers impliqués.

Hommes politiques et journalistes ont dû réorienter leurs discours dans un sens un peu moins immigrationniste après la publicité faite aux événements de Cologne. Mais les vieux réflexes ont la vie dure; par exemple, la réaction de madame Henriette Reker, maire de Cologne, qui, plutôt que de réclamer un arrêt de la déferlante migratoire, a conseillé aux femmes de maintenir avec les hommes « une distance plus longue que le bras ».

Les agressions de Cologne n’ont pas été des événements isolés la nuit de la Saint-Sylvestre.

On a ainsi appris progressivement que d’autres agressions du même type avaient eu lieu ailleurs dans la nuit du Nouvel an. Dans les autres villes, le nombre d’agressions a été moindre. Mais le choc de l’ampleur de Cologne a projeté sous la lumière des tas d’autres agressions partout en Europe, qui, sans Cologne, seraient restés des événements isolés, et seraient restés cachées.

En Allemagne d’abord, des agressions ont été enregistrées la même nuit à Hambourg, Francfort et Bielefield. En Suisse, à Zürich. En Autriche, à Vienne, Innsbrück et Salzbourg.

Partout, les témoignages des victimes montraient, sans ambiguïté, que les agresseurs étaient étrangers, ou d’origine étrangère.

Les autorités allemandes ont été obligées de prendre en compte publiquement cette criminalité étrangère, et de fournir des éléments d’explication à leur population. Dans la conclusion de son rapport1 sur les événements de Cologne, le ministère de l’Intérieur du land de Rhénanie du Nord-Westphalie écrit: « Dans les pays arabes, un modus operandi est connu et désigné sous le terme de « taharrush gamea » (harcèlement sexuel à plusieurs dans un groupe humain) ».

Les agressions de Cologne ont été médiatisées. Mais ce n’étaient pas les premières en Europe depuis le début de la vague d’immigration massive. Antérieurement à Cologne, d’autres faits similaires avaient été camouflés en Europe. Après la révélation des agressions de Cologne, des langues se sont déliées en Europe.

Des agressions antérieures avaient été cachées en Suède en 2014. Lors du festival de rock « We are Stockholm » en août 2014, des agressions sexuelles par des étrangers ont été constatées. Idem pour la version du même festival en 2015. Dans les deux cas, comme les agresseurs étaient étrangers, les faits ont été cachés par la police. Des groupes d’étrangers encerclaient les filles pour les agresser sexuellement. La police suédoise reconnaît qu’elle a caché les faits, sans donner de motif particulier. Le fait que les agressions aient eu lieu en août 2014, et que les Suédois votaient le 14 septembre 2014 pour leurs élections législatives n’a sûrement aucun rapport….

Les événements de Cologne ont aussi eu des effets sur le traitement médiatique des affaires ultérieures. Les agressions et problèmes de cohabitation ont été plus exposés qu’avant.

A Bornheim (Rhénanie du Nord-Westphalie), la piscine a été interdite en janvier 2016 aux immigrés mâles après des plaintes d’Allemandes pour harcèlement verbal; cette mesure n’a été que temporaire, le temps, semble-t-il, que des séances d’information soit effectuées pour les immigrés logés dans un centre hébergement voisin sur la manière de se conduire dans une piscine. Les problèmes dans les piscines semblent courants en Allemagne. Le Süddeutsche Zeitung3 explique que dans plusieurs piscines, des problèmes de harcèlement ont été notés, et que les immigrés se rasent, ou se coupent les ongles à la piscine.

Au Danemark, en janvier 2016, certains restaurants et discothèques ont été interdits aux personnes ne parlant pas anglais, allemand ni danois; en vue évidemment de refouler les immigrés fraîchement arrivés. Métronews2 cite le propriétaire d’un club de la ville d’Haderslev, lui-même d’origine syrienne, qui a décidé lui aussi d’appliquer cette mesure, et qui explique: « Quand ils voient une fille, ils deviennent fous, ils essaient de la toucher ou de s’agripper à ses vêtements ».

Les condamnations suite aux agressions de Cologne risquent cependant d’être très « occidentales ». Pour s’en convaincre, il faut lire l’article4 de Caroline Parmentier dans Présent du 26 février 2016. D’après l’article, il n’y a eu pour l’instant qu’une seule condamnation d’un agresseur, un Marocain, pour un vol d’appareil photo à l’arraché, à 6 mois de prison avec sursis, « c’est-à-dire rien ». En revanche, le quotidien Présent reprend aussi des informations du Süddeutsche Zeitung, indiquant qu’une enquête a été ouverte contre des policiers fédéraux allemands pour violation du secret professionnel, pour avoir révélé au public que des agressions avaient eu lieu à Cologne, alors que les autorités cachaient ces événements.  Dans cette affaire, va-t-on avoir plus de policiers condamnés que de violeurs? Va-t-on avoir des condamnations plus lourdes pour les policiers que pour les agresseurs? Car le bon millier d’agresseurs étrangers va sans doute s’en tirer sans encombres….

Néanmoins, la chasse à la blanche de Cologne, dont l’ampleur n’a pas permis qu’elle reste occultée, a sans doute marqué un tournant majeur dans l’information des peuples européens sur les réalités de l’immigration en Europe, en fracassant la propagande immigrationniste habituelle des gouvernements et de la presse dominante.

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1-  « Rapport du ministère de l’Intérieur sur les agressions à la gare de Cologne dans la nuit de la Saint-Sylvestre » du 10 janvier 2016.

2- Thomas Guien: « Danemark: pour entrer en boîte, les réfugiés sont priés de savoir parler anglais ou allemand », dans Métronews du 20 janvier 2016.

3- Barbara Vorsammer: « Badepass für Flüchtlinge », dans Süddeutsche Zeitung du 16 janvier 2016.

4- Caroline Parmentier: « Cologne: qui a parlé? », dans Présent du 26 février 2016.

 

Le Monde et les républicains américains

 

Antonin Scalia, juge conservateur à la Cour suprême américaine, nommé à ce poste par le président républicain Ronald Reagan en 1986, est décédé le 13 février 2016. Il y a donc désormais 8 juges à la Cour suprême; le président américain doit nommer un remplaçant au juge décédé, et cette nomination doit être confirmée par le Sénat.

Les Etats-Unis sont dans une année électorale; les élections auront lieu en novembre.

Le président démocrate américain Barack Obama semble vouloir rapidement désigner un successeur au juge décédé, qu’il choisira très probablement de gauche, favorable à l’avortement et à l’interdiction des armes à feu.

Certains républicains estiment que le choix du successeur doit revenir au président qui sera élu en novembre, et appellent le Sénat, à majorité républicaine, à bloquer une éventuelle nomination par Obama. Ces républicains estiment qu’il existe une tradition, une règle non-écrite, selon laquelle, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, un président ne nomme pas de juge à la Cour suprême en dernière année de mandat.

La lecture des articles du Monde consacrés à ce débat montre le parti pris anti-républicains de ce journal.

Dans un article1 du Monde, le journaliste Gilles Paris cite deux candidats à la primaire républicaine, Ted Cruz et Marco Rubio, qui estiment que c’est le prochain président qui devra nommer le remplaçant du juge. « Les deux élus ont fait valoir une coutume qui interdirait une nomination en année électorale. Le choix du juge Kennedy avait pourtant été validé par le Sénat en 1988, quelques mois seulement avant l’élection à la Maison Blanche du vice-président George Bush ».

Le juge Anthony Kennedy a été nommé à la Cour suprême par Ronald Reagan le 11 novembre 1987, en remplacement du juge Lewis Powell, démissionnaire. Et c’est le 18 février 1988 qu’il a été confirmé par le Sénat. Ce n’est donc pas en 1988 qu’il a été nommé par le président Reagan, mais en 1987. Le journaliste Gilles Paris emploie les bons mots (« nomination », « validé »), tout en présentant la situation de manière erronée. Il faut d’ailleurs noter que cette nomination était la troisième tentative du président Reagan pour remplacer le juge Powell. Il avait d’abord nommé, le 1er juillet 1987, Robert Bork, qui avait été rejeté par le Sénat à majorité démocrate, comme trop conservateur, le 23 octobre 1987. Le 29 octobre 1987, le président Reagan nomma Douglas Ginsburg; lors du processus de confirmation, il est apparu que Ginsburg avait fumé du cannabis dans les années 60 et 70, lorsqu’il était étudiant et jeune professeur; de lui-même, Ginsburg se retira alors du processus de confirmation le 7 novembre 1987.

Dans un autre article2, le journaliste du Monde Martin Untersinger présente la position de certains républicains, qui estiment que la coutume des 80 dernières années interdirait au président Obama de désigner un juge à la Cour suprême en année électorale présidentielle. Il cite le président républicain de la commission judiciaire du Sénat, qui déclare que cette règle officieuse est « une pratique courante ces quatre-vingts dernières années ».

Juste après cette citation, le journaliste écrit: « En réalité, 14 juges de la Cour suprême ont été installés à leur poste lors d’une année électorale ».

Cette phrase est malhonnête pour deux raisons.

Première malhonnêteté: le journaliste ne prend pas la même période de temps que le sénateur républicain.

Relisons. Le sénateur républicain dit qu’aucun juge n’a été nommé à la Cour suprême en dernière année de mandat présidentiel ces 80 dernières années. Juste après, le journaliste écrit qu’en réalité, ce sont 14 juges qui ont été installés à la Cour suprême dans ces conditions. Il écrit donc que le sénateur républicain a tort de dire qu’aucun juge n’a été nommé à la Cour suprême en année présidentielle depuis 80 ans, parce qu’en réalité, 14 y ont été installés en année présidentielle; depuis donc 80 ans, ce n’est pas écrit formellement, mais c’est ce qu’en déduit logiquement et honnêtement le lecteur. Or, s’il y a bien eu une quinzaine de nomination en année présidentielle, ce n’est pas depuis 80 ans, mais depuis 1796! Depuis 80 ans, il n’y a pas eu 14 juges installés en période électorale, il y en a eu 2. Frank Murphy fut nommé à la Cour suprême le 4 janvier 1940 par le président démocrate Franklin Roosevelt, et confirmé par le Sénat le 16 janvier. Le juge Anthony Kennedy a été installé en 1988.

Seconde malhonnêteté: la confusion entre année de nomination et année d’installation. L’examen de la chronologie de la désignation du juge Kennedy a été présentée plus haut: le juge Kennedy a été installé en 1988, mais nommé en 1987.

Donc, si le journaliste avait voulu contester honnêtement les propos du sénateur républicain, il aurait dû dire qu’il est faux de dire qu’aucun juge à la Cour suprême n’a été nommé en période électorale présidentielle depuis 80 ans; et qu’en réalité, çà ne fait que 76 ans. Ce qui, bien sûr,aurait été nettement moins négatif pour le sénateur républicain, voire même serait passé pour un chipotage ridicule.

Pour terminer, je préciserai que le but de cet article n’est pas de soutenir la position républicaine, pas plus que la position démocrate. C’était juste de montrer comment le quotidien le Monde tordait la réalité pour la conformer, de manière « honnête », « neutre », « objective » et « professionnelle » bien sûr, à ses orientations idéologiques. D’ailleurs, je ne sais pas si le Monde connaissait la vérité, et l’a délibérément modifiée; ou si ses journalistes ne lisant que la presse de gauche américaine, se sont contentés de reproduire sa propagande. Peut-être un peu des deux d’ailleurs…. Çà dépend peut-être des journalistes…..

Pour terminer donc, je reprécise que je ne soutiens ni la position démocrate, ni la position républicaine. Je suis français, pas américain.  Je ne suis pas suffisamment immergé dans leur tradition politique pour avoir une position tranchée sur ce point de détail.

D’autant plus que je suis persuadé, à tort ou à raison, que certains protagonistes, tant démocrates que républicains, sont plus motivés dans cette affaire par des considérations de tactique partisane, que par des convictions de philosophie politique bien ancrées. Autrement dit, si le président était républicain au lieu d’être démocrate, certains républicains, qui expliquent maintenant que la tradition politique américaine interdit au président Obama de nommer un juge cette année, démontreraient que la constitution américaine exige que le président républicain désigne immédiatement un nouveau juge. Et que certains démocrates, qui expliquent maintenant que rien ne s’oppose à la désignation d’un nouveau juge, expliqueraient alors que la tradition démocratique depuis la seconde guerre mondiale interdit de désigner un nouveau juge cette année. Et le quotidien le Monde nous expliquerait probablement que le président républicain, en voulant bafouer une tradition démocratique bien ancrée, démontre une fois de plus son mépris de la démocratie, et ses penchants autoritaires.

1- Gilles Paris: « Bataille politique pour un siège à la Cour suprême », dans le Monde du 16 février 2016.

2- Martin Untersinger: « Etats-Unis: la bataille politique autour de la Cour suprême a commencé », dans le Monde (site Internet) du 14 février 2016.