Neil Gorsuch

Neil Gorsuch est devenu le 113ème juge de la Cour suprême américaine. Il succède à Antonin Scalia1, décédé le 13 février 2016.

Pendant la campagne présidentielle, le nouveau président républicain Donald Trump avait promis de nommer un bon juge, susceptible de rendre des arrêts « pro-vie ». Il a désigné à ce poste Neil Gorsuch le 31 janvier 2017.

La confirmation du nouveau juge par le Sénat aurait dû nécessiter une majorité de 60 voix (sur 100 sénateurs) pour contrer un éventuel blocage démocrate. Face à l’obstruction menée par les sénateurs démocrates, les sénateurs républicains ont décidé de passer le vote à la majorité simple (51 voix).

Le 7 avril 2017, Neil Gorsuch a été confirmé au Sénat avec 54 voix. 51 des 52 sénateurs républicains ont voté pour (1 n’a pas pris part au vote) ; 3 sénateurs démocrates ont joint leur voix aux sénateurs républicains.

Cette nomination est une mauvaise nouvelle pour la gauche, pour au moins 4 raisons. Le juge Gorsuch est considéré comme conservateur, originaliste et littéraliste ; la quatrième raison est que le juge est jeune (49 ans) ; les juges de la Cour suprême étant nommés à vie, le juge Gorsuch est donc susceptible d’occuper le poste pour plusieurs décennies.

La droite peut à juste titre considérer cette nomination comme une bonne nouvelle ; le risque existait en 2016 que l’ancien président Obama nomme un juge de gauche. Et une élection de la candidate démocrate Hillary Clinton à la présidence des Etats-Unis aurait conduit à la désignation d’un juge gauchiste.

Il convient néanmoins de légèrement relativiser cette victoire conservatrice. Le nouveau juge a en fait les mêmes positions que le juge qu’il remplace. L’équilibre2 de la Cour suprême n’est donc pas changé par cette nomination. Cet équilibre ne pourrait être modifié que si, dans les 4 prochaines années, Donald Trump avait à procéder au remplacement d’un juge gauchiste. De plus, les républicains n’ont qu’une très faible majorité au Sénat (52 sièges sur 100) ; et un tiers des sièges du Sénat sera renouvelé lors des élections de novembre 2018, qui pourraient facilement se traduire par un changement de majorité au Sénat ; ce risque peut néanmoins être tempéré par le fait qu’en 2018, 25 sièges détenus par les démocrates seront en jeu, et seulement 9 détenus par des républicains.

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1- Voir chronique du 21 février 2016 : « Le Monde et les républicains américains ».

2- Voir chronique du 14 décembre 2016 : « Bataille pour la Cour suprême ».

Julien Barbé

Le ministère de la Défense a annoncé le décès du caporal-chef Barbé au Mali.

L’après-midi du 5 avril 2017, au centre du Mali, à 200 km au Sud-Ouest de Gao, une explosion touche un VBL1 français ; deux soldats sont blessés et évacués par hélicoptère vers Gao. Environ deux heures plus tard, une embuscade est déclenchée contre le détachement du génie qui sécurise la zone ; le caporal-chef meurt sous les balles des islamistes.

Agé de 28 ans, le caporal-chef Julien Barbé était marié et père de deux enfants. Entré dans l’armée en 2011, il appartenait au 6ème RG2 d’Angers ; il avait été envoyé au Mali en février 2017.

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1- VBL : véhicule blindé léger

2- 6ème RG : 6ème régiment du génie

Le 6 mai 2002 aux Pays-Bas

Les récentes élections néerlandaises sont l’occasion de mentionner que le 6 mai sera le 15ème anniversaire de l’assassinat, neuf jours avant les élections législatives de 2002 aux Pays-Bas, du candidat Pim Fortuyn, par un militant écologiste qui voulait protéger les musulmans.
L’assassin serait apparemment déjà sorti de prison, depuis 2014.

Elections législatives aux Pays-Bas

Mercredi 15 mars 2017, les Néerlandais votaient pour leurs élections législatives.

Leurs 150 députés sont élus à la proportionnelle dans une circonscription nationale unique ; une liste doit obtenir au minimum 0,67% des voix pour obtenir des sièges.

Le gouvernement sortant était soutenu par une coalition droite-gauche composée du VVD (parti populaire libéral et démocrate) du premier ministre Mark Rutte et du PvdA (parti travailliste).

Ces deux partis baissent fortement. Le VVD passe de 26,5% (41 sièges) en 2012 à 21,29% (33 sièges). Quant au PvdA, il s’effondre de 24,8% en 2012 (38 sièges) à 5,70% (9 sièges).

Le PVV progresse, et arrive en deuxième position dans ce scrutin, avec 13,06% (20 sièges). Le PVV (parti pour la liberté) a été créé en 2006, en prolongement du « groupe Wilders », créé en septembre 2004 par Geert Wilders, alors député du VVD. Le PVV est membre du groupe ENL au parlement européen1. Il a obtenu 5,9% (9 sièges) aux législatives de 2006, progressé jusqu’à 15,4% (24 sièges) en 2010, puis baissé à 10,1% (15 sièges) en 2012. Aux élections européennes de 2009, il a culminé à 17%, puis obtenu 13,3% en 2014.

Le PVV était légèrement concurrencé cette année par le FvD (forum pour la démocratie), créé en 2016, notamment par l’essayiste Thierry Baudet, dont un des livres a été traduit en français (« Indispensables frontières ») ; le FvD obtient 1,78% des voix et 2 sièges.

La GL (gauche verte) progresse de 2,33% (4 sièges) en 2012 à 9,13% (14 sièges) en 2017.

Parmi les autres partis en lice ayant obtenu des élus, notons Denk qui obtient 2,06% des voix et 3 députés pour cette première participation aux élections législatives. Denk a été fondé en 2016 par d’anciens membres du parti travailliste, pour regrouper les Néerlandais d’origine étrangère.

Au total, les députés élus sont émiettés entre 13 partis.

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1- Voir chronique du 5 novembre 2016 : « Les droites nationales européennes dans les groupes parlementaires ».

Stoke et Copeland

Le 23 février 2017, deux élections législatives partielles étaient organisées en Grande-Bretagne, dans deux circonscriptions travaillistes, Stoke-on-Trent et Copeland.

La manière dont les résultats de Stoke-on-Trent, connus avant ceux de Copeland, ont été annoncés sur le site Internet du quotidien le Monde est remarquable.

Sur la page d’accueil du Monde, dans la rubrique « en continu », le résultat est annoncé de la manière suivante : « Echec d’europhobe dans un fief Brexit ».

Lorsqu’on accède à l’article1, son titre est : « Législative en Grande-Bretagne : un bastion pro-Brexit vote contre le chef du parti europhobe ».

L’article indique que la circonscription de Stoke-on-Trent est un bastion pro-Brexit, qui a voté à 69,4% pour le Brexit (sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne) ; que le candidat du parti travailliste « a rassemblé 7 853 voix, contre 5 233 voix » au candidat du UKIP ; que lors des législatives de 2015, « à Stoke, le candidat Ukip avait terminé loin derrière son rival travailliste (23% contre 39%) lors d’un scrutin marqué avant tout par une très forte abstention ».

Que peut-on remarquer dans ce texte ?

D’abord, et c’est courant dans la presse dominante, l’utilisation systématique et exclusif de l’adjectif « europhobe », qui vise à rapprocher le souverainisme soit d’une maladie (arachnophobe, agoraphobe, claustrophobe,……), soit d’un délit (xénophobe, homophobe).

Ensuite, cette élection est présentée comme un échec du parti europhobe UKIP, en insistant que cette circonscription avait très largement voté pour le Brexit. Cependant, cette circonscription n’était pas détenue par le UKIP, mais par le parti travailliste ; tout l’article vise à montrer que le candidat du UKIP a été battu ; or la réalité est qu’il n’a pas réussi à conquérir une circonscription travailliste, ce qui est quand même légèrement différent ; certes, noyé dans l’article, est évoqué le « maintien » de la circonscription dans le « giron travailliste », ce qui revient à dire celà, mais çà passe presque inaperçu dans le flot de l’article.

On peut ensuite noter la manière dont sont présentés les chiffres. 7853 voix au parti travailliste contre 5233 voix pour le UKIP, ce qui donne l’impression d’une victoire écrasante des travaillistes. Si, au lieu de donner les chiffres pour les deux premiers candidats, le Monde les avait publiés pour les quatre premiers, celà aurait donné 7853 pour les travaillistes, 5233 pour le UKIP, 5154 pour les conservateurs et 2083 pour les libéraux-démocrates ; ce qui montre une position beaucoup moins majoritaire des travaillistes.

Enfin, les résultats sont donnés en nombre de voix pour 2017, et en pourcentage pour 2015, ce qui rend impossible pour le lecteur toute comparaison. Si les pourcentages avaient été publiés, les lecteurs auraient plus constater que le parti travailliste, tout en conservant son siège, passait de 39,3% en 2015 à 37% en 2017, tandis que le UKIP progressait (de 22,7% en 2015 à 24,7% en 2017), de même que les conservateurs (de 22,5% en 2015 à 24,4% en 2017). Ce qui change la lecture des résultats de l’élection……

Accessoirement, notons que la « forte abstention » de 2015 s’était traduite par un taux de participation de 49,9% (contre 36,7% en 2017).

Les résultats de la seconde élection du week-end, à Copeland, sans doute connus plus tard, ne sont pas donnés dans cet article ; le parti travailliste a perdu cette circonscription qu’il détenait depuis des décennies. Le parti conservateur a conquis ce siège en obtenant 44,3% des voix (35,8% en 2015), battant les travaillistes à 37,3% (42,3% en 2015), tandis que le UKIP s’effondrait à 6,5% (15,5% en 2015).

A noter que le site du Monde a publié plus tard le jour-même un second article2 qui, en omettant de comparer les résultats avec 2015, reste sur l’idée que l’élection de Stoke-on-Trent est un échec pour le UKIP. Ce second article est néanmoins beaucoup moins caricatural que le précédent. Son idée-maîtresse peut évidemment être discutée, mais mérite au moins d’être sérieusement prise en compte : « L’ordre électoral qui s’est mis en place au Royaume-Uni depuis le référendum sur le Brexit se confirme : les conservateurs sont les grands vainqueurs, les travaillistes les grands perdants, et le UKIP (United Kingdom Independence Party), le parti anti-européen, peine à concrétiser dans les urnes le succès de ses idées ».

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1- « Législative en Grande-Bretagne : un bastion pro-Brexit vote contre le chef du parti europhobe », 24 février 2017, le Monde (site Internet), article non-signé.

2- Eric Albert : « Royaume-Uni : défaite cuisante des travaillistes à une élection partielle, le Monde (site Internet), 24 février 2017.

 

Naturalisations en Suisse

Le 12 février 2017, les Suisses avaient à se prononcer sur trois textes. L’un d’eux visait à faciliter la naturalisation des « étrangers de la troisième génération » et des enfants apatrides. Cette mesure a été approuvée à une très large majorité (60,4%).

Ce référendum constitue une défaite nette pour la droite nationale suisse, qui tranche avec des référendums antérieurs soit hostiles à l’immigration, soit favorables, mais avec un résultat nettement plus serré.

Baisse du niveau

Dans « Le changement de peuple », en marge du sujet principal du livre, Renaud Camus explique la baisse du niveau scolaire en France par l’analyse suivante, qui mérite d’être examinée.

« Les classes dites défavorisées, culturellement, s’exposent à de pareilles surprises et de semblables déceptions lorsque des politiques scolaires démocratiques, voire hyperdémocratiques, permettent à leurs enfants de faire des études précédemment réservées aux classes privilégiées : elles s’avisent à cette occasion que les hautes études et les brillants diplômes c’est aussi beaucoup de travail et d’efforts, une concentration et une détermination qu’elles n’imaginaient pas. Si elles en ont politiquement le pouvoir, ou si quelqu’un qui en a le pouvoir a intérêt à ce qu’elles obtiennent satisfaction (ce qui est généralement le cas, car elles sont les plus nombreuses), elles exigeront et elles obtiendront que ces efforts et ce travail soient indéfiniment réduits : moins d’heures de cours, des journées moins longues, plus de vacances, des cartables plus légers, moins de livres, moins d’autorité, moins de sélection, moins de notes, de meilleures notes, la fin du redoublement, moins de culture générale, plus de réussites aux examens, etc. Ces réformes s’opèrent à grand dommage, il va sans dire, pour la qualité des diplômes, pour leur sens, leur contenu, leur portée et ceux des études elles-mêmes, et pour la situation culturelle globale – y compris bien sûr celle des anciens privilégiés ».

Camus : le changement de peuple

J’ai lu le livre de Renaud Camus « Le changement de peuple », publié en 2013 (90 pages). Renaud Camus est souvent présenté comme « le théoricien du grand remplacement » ; il utilisa cette expression en 2010 dans des conférences, pour décrire le processus en cours dans certaines parties du pays, et publia un livre en 2011, « Le grand remplacement », qui regroupait ces allocutions.

N’ayant point lu ce livre, je pensais pouvoir faire l’économie de sa lecture, et trouver dans « Le changement de peuple » une version plus élaborée et définitive de la réflexion de Renaud Camus sur le sujet.

Mais ce fut une déception. Alors que j’attendais, excessivement sans doute, de ce livre plus tardif qu’il fût à la fois solidement et concrètement argumenté, on a malheureusement souvent l’impression de lire des généralités ne reposant sur aucun chiffre, ni fait. Le goût de l’auteur pour l’emploi de mots bizarres n’apporte de plus rien à la démonstration ; par exemple, l’utilisation de « nocence », qui semble être plus ou moins l’équivalent de « nuisance », ne contribue qu’à des digressions linguistiques plus ou moins fondées.

Il est néanmoins utile de lire ce livre pour avoir une vision de la pensée de Camus non-déformée par les lunettes filtrantes et colorées des médias dominants. Un certain nombre de notions et d’arguments y sont exposés, qui donnent matière à réflexion, que l’on y adhère, ou qu’ils soient plus discutables, comme la différence entre l’empire et la colonisation, ou comme son opposition à la politique nataliste qui se traduit presque par un malthusianisme forcené.

Enfin, le livre se termine par trois pages de mesures à prendre d’urgence pour lutter contre le grand remplacement.

Volée de grain

Allant comme souvent admirer les poules ce matin, et leur ayant jeté quelques grains de blé dans leur volière, je me demandais (question ô combien intéressante) comment les poules pouvaient expliquer cette manne qui leur tombe de temps en temps, un peu comme la pluie.

A ce point de mes réflexions, il m’est apparu que le cerveau des poules devait présenter des similitudes avec celui des électeurs socialistes ; elles croient que le blé tombe du ciel.

Investiture de Donald Trump

Donald Trump a été investi le 20 janvier 2017 ; il est donc désormais le 45ème président des Etats-Unis.

Après l’élection du 8 novembre 20161, ses adversaires conservaient des espoirs délirants dans deux domaines.

Ils ont d’abord crié à la fraude et demandé un recomptage des votes. Un recomptage des voix a été effectué dans le Wisconsin ; le résultat a été d’accorder quelques dizaines de voix en plus à ……… Donald Trump.

Enfin, certains espéraient que les grands électeurs de Donald Trump le trahiraient, et ne voteraient pas pour lui. Pour être élu, Donald Trump devait obtenir les voix de 270 grands électeurs. Or les élections lui en ont attribué 306, contre 232 à sa rivale démocrate Hillary Clinton. Dans les jours précédant la réunion des grands électeurs, on a assisté dans la presse française à un véritable délire : les grands électeurs de Trump vont en partie refuser de voter pour lui. Il me semble que c’est la première fois que j’ai assisté à un tel emballement médiatique. Par exemple, en 2008 et en 2012, on n’a pas entendu les journalistes discuter à l’infini sur le thème : les grands électeurs élus pour donner leur voix au candidat démocrate Barack Obama vont-ils finalement voter pour un autre candidat ? Mais pour le candidat républicain Trump, il semblait légitime aux journalistes que les grands électeurs ayant été élus pour le désigner le trahissent finalement. Le vote des grands électeurs a finalement eu lieu le 19 décembre 2016. Et Donald Trump a été élu. Il a certes perdu 2 votes sur les 306 théoriques qu’il aurait dû obtenir. Le plus comique après tout ce tapage, c’est qu’Hillary Clinton en a elle perdu 5 sur son score théorique de 232 !

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1- Voir chronique du 7 décembre 2016 : « Trump a gagné ».

 

Finkielkraut : la seule exactitude

 

J’ai lu cet été « La seule exactitude », publié par Alain Finkielkraut en 2015, recueil de chroniques de 2013 à 2015. Ce livre se situe dans la continuité intellectuelle de son précédent ouvrage1, « L’identité malheureuse ». Ce dernier livre suscite et mérite autant d’intérêt que le précédent.

L’idée principale développée par Alain Finkielkraut dans « La seule exactitude », c’est que le système politico-médiatique français a un problème de synchronisation historique : il se croit dans les années 1930 et combat un ennemi nazi imaginaire, et il refuse de voir les menaces actuelles.

On peut seulement regretter trois points particuliers.

D’abord, une toute petite partie du livre est consacrée à Heidegger2 et Lévinas3. Pour un lecteur comme moi, qui n’est malheureusement pas un lecteur assidu de ces philosophes, il n’est pas aisé de comprendre la totalité de la pensée finkielkrautienne sur le sujet.

Ensuite, on peut regretter un emploi assez intense du mot « juif » dans les chroniques. L’auteur officiant sur RCJ (radio de la communauté juive), on lui pardonnera ce léger excès.

Enfin, l’attitude d’Alain Finkielkraut envers le front national demeure un mystère. Il écrit par exemple : « Au nom de l’universel, on criminalise aussi le thème de la préférence nationale. Mais si les nations ne distinguaient pas leurs citoyens et ne leur réservaient pas certaines prérogatives, ce ne seraient plus des nations, ce seraient des galeries marchandes, des salles des pas perdus ou des aéroports ». Alain Finkielkraut s’exprime ici comme le front national. Mais il poursuit immédiatement ainsi : « Ce qui est grave et doit être dénoncé, c’est le fait de s’appuyer sur cette préférence pour refuser tout droit aux étrangers, comme le voudrait le parti de Marine Le Pen4 ». Ce qui est manifestement faux : sur quoi donc s’appuie-t-il pour écrire çà ? Il ne nous le dit pas.

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1- Voir chronique du 14 octobre 2015 : « Finkielkraut : l’identité malheureuse ».

2- Martin Heidegger (1889-1976) : philosophe allemand.

3- Emmanuel Lévinas (1906-1995) : philosophe d’origine lituanienne, naturalisé français en 1930.

4- Marine Le Pen : présidente du front national.

 

Bataille pour la cour suprême

 

Une promesse décisive de Donald Trump pendant la campagne présidentielle a été d’œuvrer en faveur du droit à la vie, en particulier en nommant des juges à la cour suprême favorables à ce droit. Respectera-t-il sa promesse ?

Il faut rappeler que les Etats-Unis n’ont pas voté une loi légalisant l’avortement. Si l’avortement est légal dans tous les Etats-Unis, c’est parce qu’en 1973, dans l’affaire Roe v. Wade (Roe contre Wade), la cour suprême établit l’avortement comme un droit constitutionnel dans tous les Etats-Unis.

Pour justifier sa décision, la cour suprême interpréta un peu bizarrement le 14ème amendement à la constitution américaine, ratifié en 1868, qui visait à garantir les droits des anciens esclaves. La cour estima qu’une partie de la section 1 de l’amendement (« Aucun État ne privera une personne de sa vie, de sa liberté ou de ses biens sans procédure légale régulière ») devait conduire à l’abrogation de toutes les lois des Etats interdisant ou restreignant l’avortement. Cette décision est contestée par les défenseurs de la vie, et par ceux qui estiment que la cour s’est beaucoup éloignée du texte de la constitution en promulguant cet arrêt. 2 des 9 juges de la cour, opposés à ce jugement, estimèrent alors que cet arrêt était « une application extravagante du pouvoir de contrôle des lois que la constitution accorde à la cour ».

Norma McCorvey, qui utilisa en 1973 le pseudonyme de Jane Roe pour contester la loi texane qui interdisait l’avortement, travailla ensuite dans un avortoir. Au milieu des années 90, elle comprit qu’elle tuait des bébés en travaillant dans une clinique d’avortement. Elle rejoignit alors le groupe anti-avortement « Operation Rescue ». Elle se convertit au protestantisme et se fit baptiser en 1995 ; elle entra dans l’Eglise catholique en 1998. Elle tenta de faire rejuger l’affaire Roe v. Wade, mais la cour suprême refusa en 2005.

La composition de la cour suprême la divisait grosso modo en 2015 en 4 membres plutôt « conservateurs » ou « originalistes », considérant que le texte de la constitution doit être appliqué en fonction du sens qu’il avait à l’origine, et non pas être excessivement interprété, 4 membres gauchistes, et 1 juge centriste penchant du côté des gauchistes. Après la mort du juge conservateur Antonin Scalia en février 2016, le président démocrate Barack Obama tenta de désigner un nouveau juge, mais les républicains s’y opposèrent, estimant que cette décision devait revenir au futur président1 ; le président Trump va donc devoir nommer un successeur à Scalia. De plus, le juge centriste a 80 ans, et deux des juges gauchistes ont un âge avancé (78 et 83 ans) ; sans trop se lancer dans des spéculations d’assez mauvais goût, il est quand même probable que Donald Trump aura de nouveaux juges à désigner. Il suffirait théoriquement du remplacement du juge Scalia et du remplacement d’un des juges âgés, décédé ou démissionnaire, pour faire basculer la cour dans le camp conservateur.

Mais un changement sur l’avortement aux Etats-Unis n’est pas encore gagné.

Il faudra d’abord que Donald Trump tienne sa promesse et nomme des juges pro-vie.

La nomination des juges doit ensuite passer devant le sénat ; les républicains y ont certes une majorité (52 contre 48). Mais les opposants aux nominations pourront éventuellement utiliser la technique du « filibuster », qui consiste à faire durer les débats de manière illimitée. Pour bloquer le filibuster, il faut 60 voix ; pas acquis d’avance, donc.

Enfin, si les juges renversent l’arrêt Roe v. Wade, çà ne signifiera sans doute pas que l’avortement sera interdit dans tous les Etats-Unis. Les juges constateront sans doute que la question de l’avortement n’est pas explicitement évoquée dans la constitution américaine, et il appartiendra alors aux 50 Etats de légiférer sur la question.

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1- Voir chronique du 21 février 2016 : « Le Monde et les républicains américains ».

 

Les gouverneurs républicains s’approchent du record

 

En 2014, l’élection des gouverneurs des Etats s’était conclue par un gain de 2 sièges des républicains sur les démocrates1.

Avant les élections de 2016, les républicains détenaient 31 sièges de gouverneurs, les démocrates 18, et le gouverneur de l’Alaska est classé comme indépendant.

12 sièges de gouverneurs étaient soumis à renouvellement cette année (5 républicains et 7 démocrates).

Le candidat démocrate a battu de justesse le gouverneur républicain sortant de la Caroline du Nord (49% contre 48,8%). Les républicains ont conquis sur les démocrates les postes de gouverneur du Missouri, du New Hampshire et du Vermont. Soit un gain global de 2 sièges pour les républicains.

Les républicains détiennent désormais 33 postes de gouverneurs ; ce qui est leur meilleur résultat depuis 1922 (34 postes), année qui constitue le nombre record de gouverneurs républicains du 20ème siècle.

Le poste de gouverneur est important, car il dirige son Etat. Il faut aussi noter que dans 47 Etats sur 50, en cas de décès d’un sénateur de l’Etat au sénat fédéral, le gouverneur désigne un nouveau sénateur, en attendant qu’une élection soit organisée.

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1- Voir chronique du 20 novembre 2014 : « L’élection des gouverneurs américains ».

 

Les représentants 2016

 

 

 

 

Comme tous les 2 ans, la chambre des représentants des Etats-Unis était complètement renouvelée cette année.

En 2014, lors de l’élection précédente1, les républicains avaient obtenu un résultat historique. En nombre d’élus à la chambre des représentants, c’était leur meilleur résultat depuis 1928.

Le 8 novembre 2016, les candidats républicains à la chambre des représentants ont obtenu 49,9% des voix, et les candidats démocrates 47,3%.

En 2016, les républicains ont perdu 6 sièges au profit des démocrates ; ils ont désormais 241 sièges contre 194 aux démocrates.

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1- Voir chronique du 14 novembre 2014 : « La chambre des représentants 2014 ».