Lors de la manifestation de gauche ou d’extrême-gauche dans les rues d’Alès (Gard) du 21 septembre 2017, un manifestant a été arrêté alors qu’il était vêtu d’un T-shirt portant l’inscription : « Un bon flic est un flic mort ». Le Midi libre1 indique que le porteur de T-shirt, ayant déjà fait l’objet de cinq condamnations antérieures, est passé devant le tribunal en décembre dernier, et a été relaxé en raison d’une mauvaise qualification du délit poursuivi. A propos de son T-shirt, le quotidien régional indique que le manifestant a dit au tribunal : « Avec le recul, je trouve que c’était un slogan potache et je ne le porterais pas. Moi, je ne souhaite la mort de personne ». Une phrase que le journaliste cite sans commentaire particulier.
Certains penseront que c’est tout-à-fait normal ; le journaliste relate les faits.
Certes.
Certes, mais imaginons.
Un manifestant est arrêté avec un T-shirt portant l’inscription : « Un bon journaliste est un journaliste mort ». Et le manifestant expliquant au tribunal : « Avec le recul, je trouve que c’était un slogan potache ».
Pensez-vous que, dans cette hypothèse, le journaliste ne dirait rien de spécial. Il est au contraire très probable que nous ayons au moins un paragraphe pour dénoncer un véritable appel au meurtre, pour protester contre un slogan fasciste, pour expliquer que cette phrase n’a rien de « potache », mais est au contraire une attaque scandaleuse contre les journalistes, profession sacrée dépositaire de la liberté d’expression. Et très probablement aussi, cette protestation ne se limiterait pas à un quotidien régional ; la presse nationale sensibiliserait ses lecteurs à ce T-shirt qui menace la démocratie.
Un journaliste mort, ce serait une atteinte à la démocratie ; un policier mort, c’est potache….
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1- Charles Leduc : « Alès : le porteur du T-shirt « Un bon flic est un flic mort » est relaxé », le Midi libre, 10 décembre 2017 (site Internet).