J’ai appris qu’une certaine Maeva Anissa avait publié récemment un message sur Twitter concernant l’avortement.
J’avoue ne jamais avoir auparavant entendu parler de cette dame, qui est chroniqueuse sur la chaîne de télévision privée NRJ12, et apparemment ancienne starlette d’émissions de télé-poubelle.
Elle a donc publié ceci : « Je ne veux pas casser le délire de certaines filles, mais vu comme çà, même à deux mois, çà craint1 d’avorter ». Le message est illustré par 9 dessins montrant le développement de l’enfant dans le ventre de sa mère pendant les 9 mois de la grossesse.
Ce message lui a valu quelques attaques peu sympathiques sur Twitter.
Ces messages n’ont pas un grand intérêt ; ce sont la haine et les insultes habituelles (« sale conne », « ta mère aurait dû avorter »,……) ; et c’est le refus de laisser exprimer le moindre propos critique sur l’avortement.
Deux choses sont néanmoins à noter dans ces réactions.
D’abord l’appel à virer de la télévision et à emprisonner ceux qui émettent une critique de l’avortement. Par exemple, une certaine Dana (@carlaVND) qui écrit un message public au préfet Gilles Clavreul : « S’il vous plaît faites quelque chose pour qu’elle soit jugée pour ce tweet honteux. C’est inadmissible, elle devrait être interdite à vie de travailler à la télé ou autre réseau public. Merci beaucoup de prendre ce sujet au sérieux ». Dana encore : « On veut empêcher une dégénérée comme toi de travailler dans des services publics ». Ou une certaine Betty (@Betty_lepecquet) : « Bon sang réfléchissez avant de parler. Là c’est vraiment grave est (sic!) puni par la loi ». Ou une certaine Claire (@parsiclaire) : « La propagande anti-IVG est interdite et passible de sanction lourde ». Ou une Negrochocophobe (@JennitaReys), qui appelle carrément à un montage policier de type soviétique : « Mais la Maeva Anissa, vous ne pouvez pas lui coller même un petit délit au dos, pour qu’elle soit jetée en prison et qu’on ne lise plus ses bêtises ». On notera d’ailleurs accessoirement que l’appel à la licencier d’une chaîne de télévision n’est même pas motivée par des propos qu’elle a tenue à l’antenne.
La Betty précédemment citée veut aussi qu’on interdise à Maeva Anissa d’avoir un compte sur Twitter : « Propos absolument scandaleux. Son compte devrait t’être (sic!) suspendu », « tout simplement parce que les propos de madame Anissa sont condamnables ».
Autre caractéristique remarquable de certains messages : l’inversion des valeurs.
Ainsi ce message d’un certain Ploshun (@Leo_Dreemurr) : « Vos Tweets sont immorales (sic!), alors ne vous étonnez pas de prendre un retour de bâton, vous l’avez cherché ».
Ou, à cette phrase d’une certaine « mamie du branlisme » (@Le_Branlisme) qui regrette : « J’suis même pas sûre qu’elle soit dans l’illégalité », une surnommée Ta Banquière (@tabanquière) qui répond : « Peut-être pas, mais l’immoralité oui en tous cas ». Il semble désormais « moral » d’avorter, et « immoral » de ne pas tuer son enfant ! Je ne sais pas si cette vision de la moralité est récente ; mais il me semble que jusqu’à présent, l’avortement était revendiqué au nom de la « liberté » de se débarrasser de son enfant, et du « droit des femmes » à éliminer l’enfant à naître au même titre qu’on éliminerait des cellules cancéreuses dans son corps ; mais je n’avais jamais entendu que c’était au nom de la morale ; au contraire même, il fallait imposer le « droit » à l’avortement contre « l’ordre moral »……
Ce message et ces quelques réponses agressives ont conduit certains organes d’information à évoquer le message de Maeva Anissa, et à expliquer qu’il avait été dénoncé par « les internautes ». Il n’est d’ailleurs quasiment jamais fait mention des nombreux messages de soutien ; « les internautes » semblent être unanimement choqués par ces propos, si l’on en croit les médias. On pourra certes m’objecter, partiellement à juste titre, que moi non plus je ne cite pas les messages de soutien ; mais, en ce qui me concerne, j’ai clairement axé mon propos sur l’analyse des messages la dénigrant ; alors que les médias prétendent généralement présenter les réactions à son message, en ne mentionnant que des réactions négatives.
Voyons donc deux mentions médiatiques.
Le Huffington Post2 (site Internet du groupe le Monde), sous la plume de Cassandra de Carvalho, consacre un long article caricatural à l’affaire. Cà commence dès le titre, qui parle du « tweet polémique de Maeva Anissa ». Le tweet est « polémique » parce qu’il est critique envers l’avortement ; s’il y avait été favorable, il n’aurait évidemment pas été « polémique » ; dès le titre de son article, madame de Carvalho nous indique clairement qu’on n’a pas le droit de dire autre chose que du bien de l’avortement.
L’article est ensuite lourdinguement toujours orienté. Ainsi, dès la première phrase, on nous informe que Maeva Anissa « s’est attirée les foudres des internautes » ; comme je l’écrivais précédemment, vous pouvez constater qu’elle ne s’est pas attirée les foudres de certains internautes, mais « des internautes ». Et d’ailleurs l’article ne mentionne aucun message qui lui est favorable.
Phrase suivante : Maeva Anissa « n’a pas hésité à ajouter une photo dévoilant les différentes étapes de la constitution d’un foetus ». Diantre ! Quelle audace ! Quelle horreur même ! Elle « n’a pas hésité ». On est dans le même type de phrase que : le criminel n’a pas hésité à tirer sur la police, le jeune homme n’a pas hésité à voler sa mère. Et elle, vous vous rendez compte, elle « n’a pas hésité à ajouter une photo dévoilant les différentes étapes de la constitution d’un foetus ». On en frémit…. C’est d’ailleurs un aveu implicite de la journaliste ; il ne faut pas montrer de photos ni de dessins de fœtus lorsqu’on parle d’avortement.
Phrase suivante : Maeva Anissa s’est expliqué « comme elle pouvait, avec parfois des arguments très étranges ». Exemples d’« arguments très étranges » : « Cà faisait de la peine pour le petit embryon » ; « J’ai le droit d’avoir un avis ? ».
Phrase suivante : Maeva Anissa « n’y est pas allée avec le dos de la cuillère » en écrivant : « Ici ils pensent que si ils t’attaquent en meute, tu vas retirer ton tweet et aller à la niche. Mdr3, mais attaquez moi, même jusqu’au 7 mars, personne va m’empêcher de l’ouvrir et j’effacerai jamais. J’ai rien dit de mal, j’assume tout ».
Et enfin, quelques phrases plus bas, Cassandra de Carvalho écrit : « La chroniqueuse s’amuse même à citer les articles de presse la concernant et par simple provocation continue d’alimenter la polémique autour de son tweet ». Eh oui ! Quand on ne se tait pas, quand on continue à assumer ce qu’on a écrit, quand on ne se soumet pas, on « continue d’alimenter la polémique » ! Et c’est évidemment par « provocation » ! Même pas par conviction, ni comme résultat d’une réflexion ; c’est forcément par provocation.
Pour terminer cet examen de l’article de Cassandra de Carvalho, on peut utilement donner un exemple des messages que celle-ci approuve sur Twitter. Le 30 septembre 2017, elle rediffusait sur son compte twitter un message d’une certaine Stéphanie, qui montrait une femme avec un outil tranchant à la main, avec le slogan suivant : « Si on ne peut plus avorter, on devra vous castrer ». Ce n’est évidemment pas pour elle un message « polémique ». On pourrait pourtant reprendre à bon escient à son encontre les termes qu’elle utilise à mauvais escient contre Maeva Anissa. Cassandra de Carvalho « n’a pas hésité » à diffuser une photo appelant à la violence, elle utilise un slogan « très étrange ».
Le site Auféminin.com (site Internet du groupe TF1) publie un article du même acabit4 sous la signature de Mélanie Bonvard. La tonalité est donnée là aussi dès le titre : « Scandale ! Les tweets anti-IVG de cette ex-chroniqueuse de NRJ12 ne passent pas ».
Petite différence avec l’article du Huffington Post : elle évoque des messages qui défendent Maeva Anissa ; elle en cite même deux, mais aucun des deux ne défend le droit à la vie ; ils défendent juste la liberté d’expression.
Quant au vocabulaire utilisé dans l’article, il est en conformité avec le titre. Maeva Anissa est « entre intox et propos douteux » ; le dessin d’illustration est une « image eronnée (sic!) des étapes d’une grossesse », mais Mélanie Bonvard ne nous explique d’ailleurs pas en quoi le dessin serait erroné.
Maeva Anissa est finalement rentrée à la niche, pour reprendre son expression, en publiant ce message sur Twitter : « Jamais je ne serais contre l’IVG, je dis juste que l’abus d’IVG autour de moi me fait mal au coeur ». Ce qui constitue, de manière évidente, une reculade par rapport à son message initial. Message qui disait que l’avortement à deux mois, « çà craint », et non pas que çà ne craint pas les 3 ou 4 premières fois, mais que çà craint à partir du 5ème avortement. On peut lui jeter la pierre, en lui reprochant de ne pas avoir eu le courage de persister. Je préfère lui reconnaître le courage d’avoir tenu quelque temps tête à la meute hargneuse des chiens de garde du politiquement correct.
.
1- Cà craint : c’est affreux, c’est moche.
2- Cassandra de Carvalho : « Le tweet polémique de Maeva Anissa, chroniqueuse du « Mad Mag » sur le « délire » de l’avortement », Huffington Post, 21 décembre 2017 (site Internet).
3- mdr : mort de rire.
4- Mélanie Bonvard : « Scandale ! Les tweets anti-IVG de cette ex-chroniqueuse de NRJ12 ne passent pas », Auféminin.com, 23 décembre 2017 (site Internet).