Les nouveaux élus américains sont entrés en fonction le 4 janvier 2019.
Les élections ont été organisées le 6 novembre 2018, avec de très rares seconds tours ultérieurs.
Les élections de mi-mandat sont généralement peu favorables au parti du président élu deux ans plus tôt.
Les républicains ont perdu le contrôle de la chambre des représentants, dont les 435 membres étaient renouvelés. Les démocrates ont désormais 235 sièges, et les républicains 200 ; soit un gain global de 41 sièges pour les démocrates. Les républicains étaient majoritaires à la chambre des représentants depuis 2010.
En revanche, les républicains ont légèrement augmenté leur avance au sénat. Les républicains avaient conquis le sénat en 2014. En 2016, ils avaient conservé la majorité au sénat avec 52 sièges sur 100. Suite à la nomination de Jeff Sessions, sénateur de l’Alabama, comme ministre de la justice par le président Trump, une élection partielle a été organisée le 12 décembre 2017 ; le candidat démocrate a gagné le siège ; les républicains n’ont plus alors eu que 51 sièges sur 100 au sénat. Le sénat étant renouvelé par tiers, 35 sièges étaient en jeu en 2018 : 24 démocrates, 2 indépendants proches des démocrates et 9 républicains. A priori, les démocrates avaient beaucoup plus à perdre dans cette élection que les républicains. Les républicains enregistrent un gain de 2 sièges, et ont désormais 53 sièges au sénat. Les sièges de l’Arizona et du Nevada ont été perdu par les républicains au profit des démocrates ; en sens inverse, les républicains ont conquis sur les démocrates les sièges du Dakota du nord, de Floride, de l’Indiana et du Missouri. Leur majorité au sénat est un élément très important pour les républicains ; dans les deux prochaines années, le président Trump pourra ainsi assez facilement faire confirmer ses nominations de juges fédéraux, et aussi à la cour suprême si une vacance se présente. La majorité républicaine est néanmoins assez faible au sénat. En 2020, 34 sièges devraient être renouvelés : 22 républicains et 12 démocrates ; ce sera donc une situation inversée par rapport à 2018 ; les gains républicains ne pourront de toute façon être que faibles, et les pertes potentielles seront de nature à faire passer le sénat du côté démocrate.
Pour la petite histoire, la candidate républicaine qui a perdu dans l’Arizona est quand même devenue sénatrice. En effet, chaque Etat a deux sièges de sénateur ; un siège de l’Arizona était en jeu en 2018 ; le sénateur sortant républicain ne se représentait pas, et la candidate républicaine, Martha McSally, n’a pas été élue. Mais l’autre sénateur républicain de l’Arizona, John McCain, est mort le 25 août 2018 ; le gouverneur de l’Arizona avait désigné le républicain Jon Kyl pour le remplacer ; celui-ci avait accepté, mais pas au-delà de 2019 ; après la défaite de novembre 2018 de Martha McSally, le gouverneur l’a désignée sur l’autre poste de sénateur, en remplacement de Jon Kyl.
En ce qui concerne les gouverneurs, les républicains perdent du terrain. 36 des 50 sièges étaient renouvelés ; 26 gouverneurs sortants étaient républicains, 9 étaient démocrates et 1 était indépendant. Les républicains ont gagné un seul Etat, l’Alaska, dont le gouverneur était indépendant ; ils ont perdu 7 Etats au profit des démocrates (Illinois, Kansas, Maine, Michigan, Nevada, Nouveau-Mexique et Wisconsin). Après les élections de 2018, il y a désormais 27 gouverneurs républicains et 23 démocrates.
Un Etat particulièrement regardé dans les élections américaines est la Floride. C’est en effet un Etat qui fournit un nombre assez important de grands électeurs à l’élection présidentielle (29), et qui est susceptible de basculer dans un camp ou dans l’autre. A l’élection présidentielle de 2016, le candidat républicain Donald Trump avait obtenu 49,02% des voix contre 47,82% pour sa rivale démocrate Hillary Clinton (soit 110.000 d’écart). En 2018, la Floride a de nouveau élu un gouverneur républicain, Ron De Santis, avec 49,6% des voix, contre 49,2% à son adversaire démocrate (soit environ 30.000 voix de différence). En 2014, le gouverneur républicain sortant Rick Scott avait été réélu avec 48,1% des voix contre 47,1% à son concurrent démocrate Charlie Crist (par ailleurs ancien gouverneur républicain de Floride de 2006 à 2010 ; ce n’est pas forcément très facile à suivre….), soit une différence d’environ 60.000 voix. Depuis 1998, la Floride a un gouverneur républicain (Jeb Bush de 1998 à 2006, Charlie Crist de 2006 à 2010, Rick Scott de 2010 à 2018, et Ron De Santis depuis 2018). En ce qui concerne les élections sénatoriales, l’ancien gouverneur républicain de Floride Rick Scott bat en 2018 le sénateur démocrate sortant Bill Nelson avec 50,1% des voix contre 49,9%, soit 10.000 voix d’écart. En 2016, l’autre sénateur de Floride, le républicain Marco Rubio, avait été plus largement réélu avec 51,98% des voix contre 44,31% à son concurrent démocrate.
Les élections de 2018 ont aussi été l’occasion, comme d’habitude, de solliciter les électeurs pour de multiples référendums.
Des mesures de « Marsy’s Law » ont été adoptées dans 5 Etats : en Floride (61,61%), en Géorgie (80,93%), au Nevada (61,19%), en Caroline du Nord (62,13%) et en Oklahoma (78,01%). Les « Marsy’s Law » sont des ensembles de mesures destinées à garantir les droits des victimes et de leur famille, ainsi nommées en référence à Marsy Nicholas, assassinée en 1983.
Plusieurs référendums ont encore été consacrés à l’avortement. En Alabama, 59,01% des votants ont décidé que l’Etat d’Alabama doit reconnaître les droits des enfants à naître, y compris le droit à la vie, et que rien dans la constitution de l’Alabama ne reconnaît un droit à l’avortement, ni un droit au financement de l’avortement. En Virginie occidentale, 51,73% des votants ont décidé que rien dans la constitution de leur Etat ne garantit un droit à l’avortement ni n’oblige à un financement de l’avortement. Ces deux référendums ne changent concrètement rien au « droit à l’avortement », mais pourraient avoir des conséquences dans le cas d’une éventuelle décision de la cour suprême renversant l’arrêt Roe v. Wade. A l’opposé, 64,48% des électeurs de l’Oregon ont refusé d’interdire l’utilisation des fonds publics pour le financement de l’avortement.
Pour terminer cette chronique sur les élections américaines de 2018, on citera trois référendums de nature à influencer les prochains processus électoraux.
Tout d’abord le référendum relatif au vote des « félons » organisé en Floride. Dans cet Etat, la législation semble très sévère pour les criminels condamnés, les « félons », qui n’ont pas le droit de vote, y compris quand ils ont effectué leur peine. Les électeurs de Floride ont approuvé à 64,55% la proposition de donner le droit de vote aux anciens détenus, à certaines exceptions (meurtres, viols). Cette mesure pourrait permettre l’inscription d’un million d’anciens condamnés sur les listes électorales de Floride. Vu les faibles écarts de voix évoqués plus hauts en Floride, l’application de cette mesure peut être de nature à influencer les prochains résultats électoraux dans cet Etat.
Enfin les électeurs de deux Etats ont approuvé l’obligation de présenter une pièce d’identité avec photographie pour pouvoir voter : l’Arkansas à 79,47% des voix, et la Caroline du nord à 55,49% des voix. 18 Etats américains demandent désormais une pièce d’identité avec photo pour participer au vote. Généralement, ces mesures sont mises en place par les républicains, qui souhaitent lutter contre la fraude électorale, et combattues par les démocrates qui y voient une atteinte à la démocratie, et qui considèrent que ces mesures sont mises en place par les républicains, afin d’augmenter leur score aux élections ; vu de l’étranger, c’est tout de même assez curieux de constater qu’un parti politique ne veut pas de moyens de lutte contre la fraude électorale, en reconnaissant que ce serait de nature à faire baisser ses propres résultats électoraux. Et, toujours vu de France, où l’on présente une pièce d’identité pour voter, il peut même paraître incompréhensible qu’on puisse voter aux Etats-Unis sans présenter de pièce d’identité.