Après les élections en Bavière1 le 14 octobre 2018, ce fut au tour des électeurs de Hesse de renouveler leur assemblée régionale le 28 octobre 2018.
Les tendances furent identiques à celles observées en Bavière deux semaines plus tôt.
L’équilibre droite-gauche reste sensiblement le même que lors des précédentes élections régionales de 2013, mais les rapports de force à l’intérieur de la droite et de la gauche sont grandement modifiés.
A droite, la CDU reste le premier parti de la région, mais passe de 38,31% des voix à 26,96%. A l’inverse, l’AFD, qui n’avait obtenu aucun siège en 2013 avec 4,15% des voix (donc au-dessous des 5% requis), entre pour la première fois cette année au parlement régional en recueillant 13,14% des suffrages. Le FDP, qui avait conservé de justesse sa présence à l’assemblée régionale en 2013 avec 5,02% des voix, progresse légèrement en obtenant cette année 7,49% des voix. Les Freie Wähler n’obtiennent toujours pas d’élus en Hesse, mais passent de 1,23% en 2013 à 2,96% en 2018.
A gauche, le SPD baisse fortement, passant de 30,72% en 2013 à 19,80% cette année. A contrario, les Verts passent de 11,13% à 19,81%, doublant d’une centaine de voix le SPD pour devenir le deuxième parti régional ; la modification du rapport de force SPD/Verts est spectaculaire (30,72%/11,13% en 2013, et 19,80%/19,81% en 2018). Enfin, l’extrême-gauche de Die Linke progresse légèrement en passant de 5,15% à 6,30% des voix.
Depuis 2014, la Hesse était gouvernée par une coalition entre la CDU et les Verts. Avec la baisse de la CDU et la progression des Verts, la coalition CDU/Verts conserve de justesse une majorité d’une voix : la CDU obtient 40 sièges et les Verts 29 sièges, sur un total de 137 sièges.
Au niveau national, les élections en Bavière et en Hesse ont provoqué l’abandon par Angela Merkel de sa fonction de présidente de la CDU, qu’elle occupait depuis 2000 ; sa position à la présidence de la CDU est la deuxième plus longue (18 ans), après Helmut Kohl (25 ans, de 1973 à 1998), mais devant Konrad Adenauer (15 ans, de 1950 à 1966). Angela Merkel est remplacée par Annegret Kramp-Karrenbauer (surnommée « AKK »).
En ce qui concerne l’AFD, elle vient de terminer un cycle régional, qui lui permet maintenant d’avoir des élus dans les parlements des 16 régions allemandes. Créée en 2013, l’AFD n’avait pas participé aux élections régionales en Bavière la même année ; en 2018, avec les élections bavaroises, elle a désormais participé à toutes les élections régionales. Avec les élections en Hesse de 2018, elle a désormais des élus dans toutes les régions, puisqu’elle avait participé aux élections de 2013 en Hesse, mais sans parvenir à obtenir d’élus.
L’AFD entre maintenant dans un deuxième cycle régional. Les prochaines élections devraient lui permettre d’augmenter son score dans les régions. En 2019, seront renouvelés les parlements régionaux de Brême (mai), Brandebourg (septembre), Saxe (septembre) et Thuringe (octobre). Les régions de Brandebourg, Saxe et Thuringe sont situées dans l’ancienne Allemagne de l’Est, et l’AFD y est particulièrement forte. Elle y a fortement progressé ces dernières années. Le tableau suivant montre le résultat aux précédentes élections régionales de l’AFD dans ces 4 régions (2014, sauf pour Brême, en 2015), et le résultat obtenu par l’AFD dans ces régions aux élections législatives fédérales de 20172 ; dans la colonne « 2014-2015 », est aussi indiqué entre parenthèses le score obtenu par le NPD3 dans ces précédentes élections régionales.
-
2014-2015
2017
Brême
5,5%
10%
Brandebourg
12,2% (2,19%)
20,2%
Saxe
9,7% (4,95%)
27%
Thuringe
10,6% (3,62%)
22,7%
Il n’est pas certain que l’AFD égalera son score des législatives lors de ces scrutins de 2019, mais il paraît très probable qu’elle sera en progression par rapport aux précédentes élections régionales.
.
1- Voir chronique du 20 octobre 2018 : « Elections bavaroises ».
2- Voir chronique du 17 décembre 2017 : « Angela Merkel paie l’addition ».
3- Voir chronique du 20 mars 2016 : « Recomposition allemande ? ».