Forte poussée du FPO

 

L’Autriche a élu ce 22 mai son nouveau président1, l’écologiste Alexander van der Bellen. Mais le caractère historique du scrutin ne tient pas à ce nouvel élu, mais plutôt au résultat obtenu par Norbert Hofer, le candidat du FPO (35,05% au premier tour et 49,65% au second). En effet, sans ce score, cette élection n’aurait pas intéressé grand-monde à l’étranger ; qui se souvient des précédentes élections présidentielles autrichiennes ?

Le FPO est créé en 1955 et est ancré à droite.

Aux élections législatives de 1970, le SPO arrive en tête et obtient 81 sièges sur 165, l’OVP obtient 78 sièges et le FPO en obtient 6. Sans participer au gouvernement social-démocrate, le FPO le soutient en échange d’une modification du système électoral pour assurer une meilleure représentation des petits partis au parlement, qui comprend désormais 180 députés. Suite à cette réforme électorale, de nouvelles élections sont organisées en 1971, et le SPO obtient alors la majorité absolue des sièges, et peut donc gouverner seul.

De 1983 à 1986, les sociaux-démocrates et le FPO forment une coalition gouvernementale.

En 1986, Jörg Haider est élu à la tête du FPO et droitise le parti. Le chancelier autrichien, ne voulant pas gouverner avec Haider, rompt la coalition avec le FPO.

Dès lors, le FPO progresse aux élections législatives. Il obtenait 5% des voix en 1983. Il obtient 9,7% en 1986, 16,6% en 1990, 22,5% en 1994, 21,9% en 1995 et 26,91% en 1999.

En 1999, le FPO est derrière le SPO (33,15% et 65 sièges). Il obtient le même score et le même nombre de sièges que les conservateurs de l’OVP (26,91% des voix et 52 sièges). Symboliquement, le FPO est devenu le deuxième parti du pays, puisqu’il devance quand même l’OVP de 415 voix (sur un total de plus de 4,6 millions de suffrages exprimés).

Après les élections de 1999, l’OVP et le FPO s’allient pour former un gouvernement. Le FPO laisse la place de chancelier à un dirigeant de l’OVP. La participation du FPO au gouvernement n’est pas appréciée des gouvernements des autres pays de l’Union européenne, qui font pression sur l’Autriche. Sans succès.

Aux élections législatives de 2002, le FPO s’effondre à 10% (26,91% aux élections précédentes), au profit de son partenaire de coalition, l’OVP, qui bondit de 26,91% à 42,3%. La coalition est reconduite. Aux élections de 2006, le FPO reste stable, tandis que l’OVP baisse fortement ; l’OVP forme une coalition avec le SPO.

Le FPO est fortement pénalisé par sa participation gouvernementale. Ses résultats électoraux se sont effondrés. Le parti se divise ; en 2005, Jörg Haider quitte le FPO, et fonde un parti concurrent, le BZO2 (alliance pour l’avenir de l’Autriche).

Mais la droite nationale reconquiert progressivement le terrain perdu.

En 2002, le FPO s’était effondré à 10%. En 2006, le FPO est à 11,03% et le BZO à 4,11%, obtenant de justesse 7 députés, la limite pour être représenté au parlement étant fixée à 4%. En 2008, les deux partis de la droite nationale divisée obtiennent un total de 28% des voix (17,54% pour le FPO et 10,70% pour le BZO).

En 2013, le FPO prend nettement le dessus sur le BZO, dont le fondateur, Jörg Haider, était décédé en octobre 2008. Le FPO obtient 20,55% des voix, et le BZO, qui obtient 3,53%, est donc désormais absent du parlement. Un nouveau parti, le TS3, créé en 2012 sous le patronage de l’homme d’affaires Frank Stronach, et qui a notamment attiré à lui d’anciens membres du BZO, obtient 5,74% des voix et 11 députés.

Outre ses bons résultats nationaux, le FPO obtient de bons résultats aux scrutins locaux, et participe parfois aux exécutifs locaux.

De 1989 à 1991, Jörg Haider est gouverneur de la province de Carinthie, dans la capitale de laquelle (Klagenfurt) il est né en 1950. De 1999 à 2008, date de son décès, il occupe à nouveau cette fonction, d’abord sous l’étiquette FPO, puis BZO à partir de 2005.

En 2015, dans la région du Burgenland, le FPO a obtenu 15% des voix, et participe au gouvernement régional dirigé par le SPO.

En 2015, à l’élection municipale de Vienne, le SPO est arrivé en tête avec 39,59% des voix, suivi du FPO (30,79%).

Quant au TS, ses scores locaux lui ont permis d’entrer dans plusieurs parlements régionaux : Carinthie (11,18% des voix), Basse-Autriche (9,84%) et Salzbourg (8,3%).

hofer1

1- Voir chronique du 24 mai 2016 : « Election serrée en Autriche »

2- BZO : Bündnis Zukunft Oesterreichs

3- TS : Team Stronach

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